Familles
Dominant les toits de Paris en plein Marais, un appartement clair et spacieux
Chez
Daphné Desjeux et sa tribu d'amis
De son enfance passée à Montmartre dans une ancienne laverie transformée en lieu de vie, Daphné Desjeux a sans aucun doute conservé une gouaille toute parisienne et joyeuse. Celle qui décidait, il y a une petite quinzaine d’années, de se reconvertir à l’architecture d’intérieur après une carrière de présentatrice à la télévision, œuvre, depuis, exclusivement dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Pour créer des lieux de réceptions folles, selon son propre aveu. Le public la connaît par Mondaine, le restaurant parisien du géant Paris Society devenu une marque en passe d’être exportée par le groupe. Mondaine ressemble bien à Daphné : une salle plutôt tamisée, aux matériaux – tissus léopard et fleuris, moquette tigrée, laque – rappelant les années 1970, dans une ambiance un poil coquine qu’un Yves Saint Laurent d’humeur taquine n’aurait pas reniée. Chez la décoratrice aussi, l’humeur est à la fête. Dans ce grand appartement dominant les toits de Paris, on reçoit sans cesse : les collaborateurs, puisqu’une aile des lieux est consacrée au cabinet d’architecture ; la famille, les amis, qui passent à toute heure du jour et (presque) de la nuit. Et c’est justement au sortir d’un déjeuner d’amis que nous reçoit l’architecte d’intérieur, le temps d’une visite guidée dans la bonne humeur.
Lieu
Paris
texte
Elsa Cau
Photographies et Vidéos
Jeanne Perrotte, Constance Gennari
Notre fauteuil
toujours là pour égayer une table
TSF
Quel est votre parcours, Daphné ?
Daphné
J'ai suivi des études à l'École française des attachés de presse. Je ne savais pas ce que je voulais faire. J'ai pensé que, peut-être, représenter des films ou un artiste... Et puis non. Après, j'ai quand même fait un stage par hasard dans une boîte de production de télé. Et c’est là qu'un beau jour, catastrophe, l'animatrice d'une émission qui cartonnait sur TF1 quitte le navire, du jour au lendemain. Il faut la remplacer au pied levé. Moi, je suis stagiaire. On me trouvait rigolote. On m'a mise au casting. C'est comme ça que j'ai fait presque huit ans de télé. Mais ce qui me plaisait par-dessus tout, c'était l'envers du décor. Pas être devant la caméra. J'avais très envie de faire autre chose, et c'est ce que j'ai enclenché avec une formation à l’École Boulle alors que j'étais jeune maman. Ensuite, très rapidement, j'ai eu la chance d'avoir quelques chantiers parisiens de résidentiels à mon actif. Mais j'avais envie de créer des lieux qui reçoivent du public, de faire rêver les gens, de faire des folies ! Voilà, ça fait douze ans que je suis architecte d'intérieur, spécialisée dans l’hôtellerie et la restauration.
TSF
D’ailleurs, vous avez fait appel au service professionnel de The Socialite Family pour l’un de vos derniers chantiers, l’hôtel La Sève, à Paris.
Daphné
Collaborer avec The Socialite Family était une évidence : vous partagez une vision unique et audacieuse du design. Votre esthétique, inspirée par l’art de vivre familial, et votre attention au détail correspondent parfaitement à l’esprit que nous voulions insuffler à l’hôtel. Pour moi, The Socialite Family, c’est un bon mélange d’intemporel rétro et de chic. Notre plus gros enjeu était de maintenir un équilibre entre l’élégance recherchée et la fonctionnalité propre à un hôtel. Nous avons dû relever des défis techniques en y intégrant des matériaux organiques qui nécessitent des soins particuliers et une durabilité. Concevoir un espace où chaque élément est à la fois esthétique et robuste pour le confort quotidien des clients demande une grande précision et une bonne coordination avec les artisans.
TSF
Dans quel environnement avez-vous grandi et a-t-il influencé votre goût ?
Daphné
J'ai grandi à Montmartre, avec une mère qui était agente de mannequins et un beau-père photographe. Il avait retapé l'ancienne laverie de Montmartre, j'ai donc grandi là. Ils étaient amoureux des puces, on y allait tous les dimanches. Notre intérieur était très atypique et en même temps très seventies. Pendant des années, j'ai fait du cirque chez Annie Fratellini. J'ai adoré cet univers dans lequel je me plongeais, une demi-journée par semaine. Une ambiance sombre avec des ampoules à facettes, de grands trampolines, des personnages. Alors oui, l'univers dans lequel j'ai grandi a complètement influencé mon sens du décor.
TSF
Nous sommes assises dans votre bureau, qui est lui-même situé dans votre appartement. Vous mélangez donc vies professionnelle et personnelle.
Daphné
Oui, c'est comme ça que je travaille. J'ai mes deux enfants pas loin, c'est pratique. J’ai trouvé cet appartement qui est plus grand que ce à quoi je m’attendais. J’avais donc largement la place d’y installer le cabinet ! Je trouve que c’est assez joyeux parce que ça va, ça vient. Parfois, je rentre de rendez-vous et je retrouve mes collaborateurs entourés de mes enfants qui viennent faire leurs devoirs. J'aime cette manière décomplexée de travailler – depuis le covid, tout particulièrement –, jamais aux mêmes horaires, jamais au même endroit, en mélangeant un peu tout. Cela ne va sans doute pas à tout le monde : certains ont besoin d’un cadre, d'ordre, de hiérarchie. Moi, je me retrouve dans le bazar, j'aime quand ça part dans tous les sens.
Notre bibliothèque basse
toujours prête à être modulée selon les besoins de chacun.
Notre grand tapis
pour des parties endiablées mais tout confort.
Dans un coin du salon, notre
éclaire les moments conviviaux.
Près du canapé, notre
éclaire les moments de lecture.
TSF
Racontez-nous la découverte de ce lieu de vie.
Daphné
Nous avons vendu notre précédent appartement après l’achat de notre maison à Belle-Île-en-Mer, en Bretagne. Il fallait financer la fin des travaux. On cherchait donc une location dans le même quartier (nous ne sommes pas propriétaires, ici). Un copain qui vit dans l'immeuble nous a présenté la gardienne, le genre qui t'aime ou te déteste et qui est là depuis trente ans. Elle nous a adorés et nous a proposé de visiter cet endroit.
TSF
Quelle ambiance avez-vous voulu créer ici ?
Daphné
L'ambiance, chez moi, je dirais qu'elle est joyeuse, sans jugement. Toutes les pièces qui sont là, elles m'ont plu comme quelqu'un me plairait. J'aime beaucoup les objets qui ont vécu. En fait, j'ai l'impression parfois que je suis un peu folle, que je me raconte l'histoire derrière un objet. C'est un appartement éclectique, sans aucun calcul. Bon, il y a des choses qui doivent changer, je passe mon temps à me dire : « Il faut que je m'en occupe. » Ce truc du cordonnier le plus mal chaussé... Les miroirs, là, ça fait un an et demi que je me dis que je vais les accrocher (rires).
TSF
Quelles sont vos actualités ?
Daphné
Je suis vraiment spécialisée dans l'hôtellerie et la restauration. En ce moment, je travaille sur le projet d’un cinq-étoiles à Bombay pour Accor. Je planche aussi sur Mondaine, le restaurant que j'ai créé pour Paris Society sous la forme d'une marque qui va ouvrir à Istanbul. Et je travaille sur un projet de Comedy Club à Dubaï, sans oublier d’autres projets en discussion dans la région et en Europe.
TSF
Parlez-nous d'une pièce que vous aimez particulièrement, ici.
Daphné
J'avais acheté cette coiffeuse-jardinière en rotin pour un chantier. Je l'avais stockée chez moi en attendant la fin du chantier qui traînait. Mais c'est trop beau. Parfois, je me dis que si je devais me barrer avec un seul truc, ce serait celui-là.
Tous les meubles et les objets qui sont là, ils m’ont plu comme quelqu’un me plairait.
TSF
Que pensez-vous de The Socialite Family ?
Daphné
The Socialite Family, c’est une marque que j’adore pour son esthétique retro-intemporelle. Ses pièces s’invitent dans les intérieurs en les mettant en valeur tout en donnant l’impression qu’elles ont toujours été là, de façon accessible et inspirante.
TSF
Quelle est votre pièce préférée de la collection The Socialite Family ?
Daphné
Le fauteuil
léopard qui incarne parfaitement l’équilibre entre chic et kitch. C’est le Chitch !
TSF
Quelles sont vos bonnes adresses dans le quartier ?
Daphné
Le restaurant Le Petit Célestin (12 Quai des Célestins Paris IVe) tout petit bistrot bon et ultra sympathique sur les quais. Buly (45 rue de Saintonge Paris IIIe) pour acheter son savon tout droit sorti d’une époque nostalgique que l’on n’a pourtant pas connue, tout en buvant un bon café. Je suis très fan du travail de Ramdane Touhami. Le Marché des enfants rouges (39 rue de Bretagne Paris IIIe) sa halle à l’ancienne ouverte toute l’année ou l’on peut déjeuner et faire son marché. Il est accolé à la magnifique librairie Comme un roman.