Familles
En famille au Barn.
Chez
Édouard Daehn et Sophie, Ferdinand 10, Joseph 8, Augustin 4 ans
Le Barn, c’est cet établissement dont on ne cesse d’entendre parler depuis plus d’un an. Piquées au vif et forcées d’admettre qu’il nous faut assouvir une immense curiosité, c’est avec beaucoup d’excitation que nous avons décidé de nous en faire notre propre idée. Situé sur la propriété de La Cense, ancien lieu des amours cachées de Gabrielle d’Estrées et Henri IV, le complexe de l’hôtelier Édouard Daehn est optimisé dans le moindre mètre de ses 200 hectares. Tant et si bien que ses trois garçons et sa femme, Sophie, en ont fait l’annexe de leur (véritable) intérieur. Le jour de notre visite, ce sont donc eux qui nous accueillent au grand complet. Le Barn, c’est chez eux. À la différence près que les enfants y changent d’amis tous les jours, au gré des visites. D’ailleurs ici, il n’y a pas qu’eux qui sont heureux. Les parents aussi ! Dès le début, lors de sa rencontre avec William Kriegel, Édouard savait. Il savait que ce projet couplé au haras innovant de l’entrepreneur franco-américain serait unique. Bien loin de l’offre peu surprenante qu’il avait le déplaisir de retrouver à chacun de ses déplacements. Épaulé par une bande de joyeux drilles allant de la paysagiste Daphné Charles Le Franc au studio be-pôles, l’histoire du Barn commença à s’écrire dans une osmose totale. Doucement, cependant. Pour être toujours plus près de ses futurs clients et de la nature environnante. Pour ce faire, l’équipe s’est laissé guider par une multitude de détails et surtout beaucoup de spontanéité. Des souvenirs d’enfance, des élans de créativité fous (encouragés) et une envie de faire bouger les lignes de l’hôtellerie « classique ». Adieu check-out angoissant du dimanche et casse-tête organisationnel quand on se retrouve à vouloir séjourner à plus de quatre. Le Barn a pensé à tout. Édouard Daehn vous explique comment.
Le Barn, Moulin de Brétigny – Commune de Bonnelles – 78830. Réservations par téléphone au 01.86.38.00.00 ou sur www.lebarnhotel.com
Lieu
Rambouillet
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Constance Gennari
TSF
Édouard, qui êtes-vous ? Comment est né le projet du Barn ?
Édouard
Le Barn est né d’une réflexion mais je dirais surtout d’une envie. En tant qu’hôtelier, je ne trouvais jamais chaussure à mon pied quand il s’agissait de m’évader avec ma famille depuis Paris. L’offre était très monotone : de vieux châteaux rénovés avec spas, des restaurants alambiqués… Tout me semblait soit poussiéreux soit clinquant, soit à mille lieues d’une envie de convivialité dans un endroit à l’image de notre génération. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré William Kriegel, un entrepreneur franco-américain qui s’est présenté en me disant qu’il ne voulait pas devenir hôtelier… et qui est devenu mon associé dans ce magnifique projet. William avait fondé le Haras de La Cense, un des lieux précurseurs en termes d’éthologie appliquée aux chevaux. Il cherchait à y implanter un endroit pour recevoir ses clients. C’est à ce moment-là que nos chemins se sont croisés. Il avait le terrain, j’avais une idée. Nous allions la réaliser ensemble ! Paradoxalement, nous n’avons pas cherché à développer un hôtel autour du monde de l’équitation.
TSF
Que signifie le mot Barn ?
Édouard
Le nom du Barn vient d’un voyage dans le Montana. William y possède un fabuleux ranch qui fait de l’élevage bovin en agriculture raisonnée et j’y ai séjourné. Ce furent trois jours qui marquent une vie, et qui m’ont fait prendre conscience que dans certains lieux, il peut parfois manquer quelque chose de fondamental : le partage. Aucun mot ne pourrait décrire ce que j’ai ressenti au contact de ces espaces et je n’ai qu’une envie, y retourner avec ceux que j’aime. Les installations agricoles de William sont toutes identifiées et c’est devant l’inscription BARN A que nous avons trouvé le nom de notre hôtel.
TSF
Comment définiriez-vous l’esprit du Barn ? À quelle clientèle s’adresse-t-il ?
Édouard
Notre volonté fut de créer un lieu ouvert à tous. Une sorte de passerelle vers la nature, un espace à partager en famille, entre amis, entre collaborateurs. Un lieu pluriel.
Dans les Yvelines nous étions sur le point de créer des chambres d’hôtel dans une ancienne grange à foin. La tôle rouge d’Ile de France et celle du Montana se mirent alors à parler le même langage !
TSF
Qui a pensé la décoration des chambres ?
Édouard
Il m’aura fallu pas mal d’années pour faire aboutir ce projet, mais je pense que tout ce chemin fut déterminant quand on regarde ce qui en fait sa réussite. Tout a été dicté par nos façons de vivre. Je pourrais faire une liste à la Prévert des ingrédients. Mais une fois de plus, la saveur finale vient de l’équipe que nous avons formée autour de nous ! Mille détails ont rythmé nos conversations. En voici quelques exemples. Enfant, je passais une grande partie de l’année à la Martinique. Tous les matins, nous ouvrions les grands volets de la maison qui donnait sur le Rocher du Diamant, j’étais littéralement projeté vers la mer et le jardin qui la surplombait. De là est venue l’idée de faire ouvrir la majeure partie des fenêtres vers l’extérieur. Un autre jour, nous parlions du choix des rideaux du Barn. Je portais une veste Barbour qui n’a même pas le droit de passer le pas de la porte chez moi (mais je l’adore). Je l’ai plaquée contre la fenêtre et ai proposé de décliner tous nos rideaux sur ce principe. C’est occultant tout en laissant filtrer une très douce lumière, c’est brut, c’est Le Barn ! Les tomettes que vous pouvez voir ponctuer les changements d’espaces au sein de la bergerie viennent de chez mon grand-père en Normandie. Il les avait enlevées pour poser de la moquette dans sa chambre en 1978, puis les avait stockées dans le jardin pendant quarante ans. Ici, elles ont formidablement trouvé leur nouvelle place même si elles m’ont valu deux mois de lumbago et les amortisseurs de ma voiture ! (Rires) Avec Antoine Ricardou, fondateur de l’agence be-pôles, nous sommes passionnés de voile. Nous avons donc pensé les agencements du Barn avec le fonctionnalisme que l’on retrouve sur les bateaux où l’espace est précieux. Nous voulions du contreplaqué pour que la fonction supplante l’aspect esthétique ; d’ailleurs, souvent, l’œil aime la légitimité d’une fonction même s’il en retient son aspect. Enfin, il fallait chauffer l’ancienne bergerie. Celle où nous sommes aujourd’hui. Étant donné que la forêt est à quelques mètres de là, nous avons naturellement cherché à exploiter cette ressource. Le poêle a bien pour but celui de chauffer et je peux vous assurer que c’est d’une efficacité extraordinaire. Tout le monde retient sa beauté mais une fois encore, elle n’est qu’une facette au-delà de ce pour quoi il a été initialement conçu.
TSF
Et celle du lieu en lui-même ? Quel style a été impulsé dès le départ ?
Édouard
Il n’y a pas une pensée qui a dominé l’architecture du lieu mais une équipe que nous avons formée avec be-pôles ou Daphné Charles Le Franc, notre paysagiste. C’est très différent. Nous avons souvent tendance à croire que les lieux fonctionnent grâce à une signature. C’est une erreur selon moi car les hommes pensent alors qu’un hôtel doit s’inscrire de manière beaucoup plus pérenne. Un projet bien né se ressent dès la première réunion de travail. Nous avons tellement rigolé, les yeux pétillaient et les idées en amenaient toujours de nouvelles. Nos personnalités se complétaient sans que l’un ou l’autre ne veuille s’approprier, comme c’est souvent le cas, la paternité d’une idée. Nous bossions tous dans le même sens : celui du Barn.
TSF
L’endroit idéal quand on vient à cinq, six ou plus ?
Édouard
Pour les familles venant avec des enfants, nous avons pensé des chambres communicantes avec des dortoirs. Les enfants sont ravis d’être ensemble, les parents veillent au grain juste à côté et cela permet de venir avec les cousins et les copains. Une fois encore, la fonction a prévalu sur la conception. Chaque lit est numéroté de manière à éviter l’éternel débat de qui dort où, il y a des coffres sous les lits pour que les chaussettes sales deviennent invisibles et une grande salle de bains avec baignoire et douche pour que les petits comme les grands puissent rentrer le dimanche soir récurés !
TSF
Le Barn, hôtel « Kids Friendly » ?
Édouard
C’est un lieu « parents heureux » surtout ! L’idée est de se retrouver pour de bons moments en s’affranchissant du quotidien. Les couples peuvent laisser leurs enfants dîner avec ceux de l’hôtel, tous réunis autour de jeunes filles qui supervisent la petite troupe. On voit de temps en temps un petit convoi de « mini-nous » gagner le restaurant pour voler un baiser à la table des plus grands, mais le plus souvent tout le monde se retrouve extrêmement affairé derrière un bon film, une partie de ping-pong endiablée ou un combat entre Lucky Luke et un Marsupilami. Les samedis matin, nous organisons le « bon débarras ». Encore réunis, les enfants peuvent faire leurs devoirs, aidés par un encadrant spécialisé. Une heure plus tard, il n’y a plus qu’une chose à faire : s’amuser ! De nombreuses activités sont proposées selon les saisons allant de la chasse au trésor à l’équitation en passant par des ateliers mixologie ou cueillette dans le grand potager. Tous ces loisirs permettent aux enfants et aux parents de se retrouver pour de véritables bons moments. Au Barn, nous avons également découvert une chose complètement folle : le week-end ne s’arrête pas le dimanche à 11h pour libérer la chambre ! Une fois de plus, nous nous sommes mis à la place de nos hôtes et nous n’imposons aucune heure de départ pour profiter pleinement.
TSF
Parlez-nous de votre offre de restauration et de votre carte qui change tous les jours ?
Édouard
Pour notre cuisine, nous mettons forcément l’accent sur les producteurs locaux et les saisons. Nous avons lancé cette année notre potager qui va produire petit à petit davantage pour le restaurant. Nous sommes très heureux de pouvoir intégrer ses fruits et légumes à notre carte au rythme des récoltes. Ça nous permet de faire varier les plaisirs ! Tous les dimanches, nous organisons notre grand repas dominical. C’est le moment pour nous de faire chauffer nos immenses barbecues, notre rôtissoire et de servir une cuisine encore une fois généreuse et conviviale.
TSF
Quels sont vos prochains projets ?
Édouard
Fort de cette envie et de ce premier succès, Le Barn va prochainement aller conquérir de nouvelles terres, sans s’imposer, juste en se glissant dans un nouvel espace naturel comme on le ferait sous une couette toute fraîche. Où ? Surprise ! Mais je peux vous dire que l’équipe n’a qu’une envie : continuer à dérouler du plaisir et à le partager !