Familles

Aux portes de Paris avec le fondateur de Where Is The Cool.

Chez

Laurent Laporte et Marie Christoforou

Laurent Laporte a décidé il y a une dizaine d’années de donner un support à son insatiable curiosité. Né en ligne puis décliné sur feuillet depuis un an, Where is The Cool est son terrain d’expression. Un magazine libre, qui, dit-il, est « financé uniquement grâce à des collaborations avec des marques que nous apprécions ». Il n’est donc pas rare, une fois l’objet en main, de tomber sur une série photo dédiée à une destination, à une pratique artistique ou même à un objet, voire à de la nourriture. Délicieusement visuel, volontairement décalé, aucun des sujets – tous sublimés – n’échappe à l’œil aiguisé de cet ancien créatif publicitaire reconverti en photographe. Au gré des pages, s’expose ainsi sa manière bien à lui de voir les choses. Celle d’un touche-à-tout, expert en rien, qui reste persuadé que rien ne remplacera la connexion sensorielle qui nous lie au papier. Grand admirateur d’Ettore Sottsass dont il loue la folie et le magazine Terrazzo, Laurent Laporte a de cette icône du design le côté pluridisciplinaire. Aussi à l’aise dans la création que dans la composition. Là où on ne l’attend pas forcément. Fraîchement revenu de la côte Atlantique, qu’il a parcourue en van après un ras-le-bol général, le Parisien fait l’heureuse acquisition avec sa compagne Marie Christoforou d’un appartement à Saint-Denis. Construction typique des années 1930, ce bien se révélera plus tard dans les jeux de couleurs audacieux que le couple apposera sur ses murs. Bien loin de l’éternel blanc qui « absorbe les objets ». Doté d’une pièce cachée au sous-sol qui lui sert d’atelier pour son travail photographique mais aussi d’un extérieur qui se laisse deviner depuis la fenêtre de la chambre, cet espace rare – assimilable à celui d’une maison – avait tout pour les séduire. Investi de manière personnelle avec beaucoup de goût, il se laisse désormais admirer pour notre plus grand plaisir.

Lieu

Paris

texte

Caroline Balvay

Photographies et Vidéos

Valerio Geraci

TSF

Laurent, Marie : qui êtes-vous ?

 Laurent

Je suis un ancien créatif publicitaire reconverti depuis quelques années dans la photographie. Plus récemment, j’ai lancé le magazine Where is The Cool et un studio de création de contenu, Where is The Cool Content Bureau, dédié aux marques audacieuses. Marie, elle, travaille dans la communication.

TSF

Comment avez-vous trouvé cet appartement-maison ? Quelle est son histoire ?

Laurent

Il y a maintenant trois ans, j’ai eu un ras-le-bol assez extrême de ce qu’on appelle la vie parisienne. Si bien que j’ai quitté mon appartement dans le XIᵉ arrondissement pour vivre dans un van et parcourir la côte Atlantique pendant presque un an. Marie a dû rester à Paris pour son travail. Lorsque je l’ai rejointe – et après quelques visites infructueuses – un ami dans l’immobilier m’a conseillé de regarder vers Saint-Denis. Nous sommes allés faire un repérage. Le jour même, nous visitions cet appartement qui ressemble à une maison. Une semaine après, nous faisions une offre. Comme beaucoup de biens dans le coin, il s’agit d’une construction typique des années 1930 en briques avec parquets et moulures au plafond.

TSF

Y avez-vous engagé des travaux ou l’avez-vous laissé dans « son jus » ?

Laurent

En plus de son petit jardin privatif, le grand avantage de cet appartement réside dans la pièce cachée dans le sous-sol, accessible par une ouverture dans le plancher de la chambre. La cave a été aménagée par l’ancienne propriétaire qui était marionnettiste et qui avait besoin d’un atelier. Le rêve pour un photographe qui développe ses photos ! J’en ai donc fait un mini studio. Ce n’est pas évident de travailler de chez soi si on n’a pas un lieu dédié à cela. Nous n’avons donc pas fait de travaux, à part le placard sur mesure tout le long de la chambre et de la salle de bains. Son espace étant très petit, nous avons tenté de l’ouvrir au maximum avec une douche à l’italienne et un plus petit lavabo.

TSF

Coloris des murs, mobilier, accessoires de décoration : comment vous êtes-vous approprié l’espace ?

Laurent

Je n’ai jamais aimé les murs blancs. Contrairement aux idées reçues, je trouve que cela absorbe les objets, qu’ils perdent leurs contours. J’ai toujours rêvé d’un appartement sombre et n’ai aucun problème avec le fait que cela puisse « réduire l’espace ». Au contraire ! Nous avons donc choisi chez Ressource ce bleu pour le salon qui matchait parfaitement avec notre idée de faire une bibliothèque rose. Nous avons chiné la plupart du mobilier sur leboncoin. C’est le cas des chaises Plia par exemple, chassées une à une, pour obtenir chacune des couleurs. Le triptyque de photos de « constellations aquatiques » rassemble les trois dernières qu’il reste de mon exposition de la série Space Ipsum. Il y a aussi quelques objets qui viennent de la galerie Cliché, notamment ce petit bonhomme en céramique des frères Cloutier que nous aimons tout particulièrement. La table, comme la bibliothèque et le placard de la chambre, a été réalisée sur mesure par un ami reconverti en ébéniste sous le nom de Made in Chineur. Pour les autres pièces de l’appartement, c’est un peu au coup de cœur. Il y a ce bleu pastel reposant dans la chambre qui fonctionne bien avec le bois et notre début de collection de sérigraphies de John Kacere. Et ce vert qui rappelle ces vieilles cuisines dans les maisons de campagne. Nous y avons ajouté ce buffet Mado des années 1950, l’évier en granit et ce piano de cuisson Lacanche. Les assiettes au mur sont celles de nos grands-mères respectives. Il faut toujours une pointe de mauvais goût pour qu’un intérieur soit vraiment réussi, non ?

TSF

Quelle est votre pièce favorite ?

Laurent

J’aime évidemment me retirer dans ma grotte au sous-sol la journée. « C’est son côté ours », vous dira Marie. J’ai décidé de ne pas insister sur la décoration dans cet endroit afin que cela reste un lieu de travail. J’absorbe tellement d’images que j’ai besoin d’un grand calme visuel quand je travaille. J’adore l’histoire selon laquelle un type comme Antoni Gaudí ne voulait rien de plus dans sa vie que de la verdure et un endroit pour prier.

Marie

D’un naturel contemplatif, je peux passer des heures à chercher des informations sur les artistes qui me plaisent et j’aime beaucoup le faire depuis notre chambre. Sa fenêtre donne directement sur le jardin. C’est un luxe à quelques minutes de Paris ! L’autre pièce qui me plaît particulièrement est notre véranda ouverte. Tout en verre et en acier, les rayons du soleil viennent s’y engouffrer. C’est un sentiment très agréable de se sentir dedans et dehors à la fois…

Les grandes modes naissent toujours d’une désaffection que l’on finit par accepter puis par embrasser totalement. C’est la raison pour laquelle je ne m’inspire pas en allant voir de belles choses. C’est tout l’inverse !

TSF

Laurent, vous avez fondé le magazine Where is The Cool – qui vous oblige à avoir l’œil curieux et vif en permanence. Mais y a-t-il un courant artistique, une période, un artiste dont l’œuvre vous a marqué en particulier ?

Laurent

On devient un spécialiste en tendances en étant finalement un spécialiste de rien. La curiosité de tout empêche souvent d’approfondir vraiment chaque sujet. Cependant, je suis fan (le véritable mot est groupie) de l’artiste Frank Ocean. Il est absolument complet, son univers est d’une richesse incroyable. Il travaille toujours avec des artistes que j’apprécie beaucoup comme Wolfgang Tillmans, Viviane Sassen, Tom Sachs… tout en cultivant un sublime mystère. En me renseignant un peu, j’ai appris qu’il était comme moi un grand fan d’Ettorre Sottsass. Il est d’ailleurs l’heureux propriétaire d’un miroir Fragola auquel j’ai consacré un article dans le dernier numéro de Where is The Cool. J’aime tout chez Ettorre Sottsass. Son côté pluridisciplinaire, son style vestimentaire, sa folie, ses couleurs et, surtout, son magazine Terrazzo. C’est cette approche qui m’a convaincu de me lancer dans l’aventure du papier !

TSF

Marie, comment vous servez-vous de votre expertise en arts pour l’élaboration du magazine ?

Marie

Laurent et moi avons très souvent les mêmes goûts. Il me fait donc confiance en ce qui concerne les articles consacrés à l’art. Pour avoir la volonté d’écrire sur un artiste, j’ai besoin d’être touchée par sa vision ou sa technique. C’est ce contact avec les artistes et l’intérêt pour leur réflexion et leur travail qui m’ont amenée à travailler en galerie d’art pendant plusieurs années.

TSF

Pourquoi avoir fondé ce magazine maintenant ? Quelle était votre envie à travers celui-ci?

Laurent

J’ai lancé ce concept il y a une dizaine d’années en ligne. À l’époque, Les Inrockuptibles m’avaient proposé de décliner l’idée en français dans une double page chaque semaine. Au bout de deux ans, ils ne m’ont mystérieusement plus donné de nouvelles et continuent aujourd’hui d’utiliser « Où est le Cool ? »  sans mon accord. L’expérience m’a, à l’époque, un peu plombé. Puis j’ai décidé il y a deux ans de relancer le projet sur Instagram et un an plus tard sur papier. Même si la plupart des grands magazines sont en train de mourir, je reste persuadé que rien ne remplacera le papier, la connexion sensorielle est trop forte. En tant que photographe, je ne me retrouve pas dans l’univers de la presse actuelle. J’avais envie d’un terrain d’expression plus libre où chaque sujet a sa propre ligne créative où l’on peut trouver au fil des pages aussi bien de la mode, que de l’art, des tendances ou de la bouffe. J’avais aussi envie de pouvoir collaborer parfois avec des artistes peu connus que j’apprécie et qui méritent d’être mis en avant.

TSF

Vos adresses favorites à Saint-Denis et dans ses alentours ?

Laurent

La Gare RER de Saint-Denis est un monde à part qui peut vite effrayer le petit Parisien qui n’est jamais sorti de sa petite bulle (et tant mieux). On y trouve des vendeurs à la sauvette de cigarettes, mais surtout des caddies sur lesquels grillent des brochettes de viande marinées absolument incroyables. Je regrette que mon idole Anthony Bourdain n’y ait jamais fait une halte !

Marie

Le marché couvert est génial, rien de tel pour se réveiller le dimanche !

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