Inspiration
HAOS, l’auto-édition slow
Sophie et Cédric voulaient s’impliquer dans toutes les étapes de conception de leurs réalisations. Ceci sans faire de concession sur le processus créatif ou sur la qualité des matériaux et techniques mises en œuvre. C’est pour ça qu’ils ont créé HAOS et fait ainsi le choix de l’auto-édition. Leur premier objet commun s’avère être aussi un des plus courants. À savoir, le luminaire. Produit qui, après maintes réflexions, se déclinera en sept modèles de lampes à poser et suspensions. Formes organiques faites de laiton et de céramique, rappelant tantôt les années 60 tantôt l’esprit Art déco, les sculptures modernes d’HAOS s’affranchissent. Et placent la marque en actrice du slow design, privilégiant les petites quantités et les techniques artisanales. S’offrir un modèle de la première collection de Sophie et Cédric, c’est donc s’envoler pour la Presqu’île de Giens, dans un atelier potier faisant face à la Méditerranée. C’est imaginer le travail du souffleur de verre, dans le Nord-Est de Londres. Le tout en investissant. Le design étant pensé pour ne pas se sacrifier au temps.
Lieu
Paris
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Constance Gennari
TSF
Sophie, Cédric, que signifie HAOS ?
Sophie
L’Haos est un arbre dont les fleurs sont blanches le matin, jaunes à midi, rouges le soir, et meurent dans la nuit. C’est en tout cas ce qu’a cru voir l’explorateur qui en rend compte dans la Revue des deux Mondes vers la fin du 19ème siècle. C’est la dernière fois qu’un ouvrage quelconque y fait référence, on peut donc raisonnablement en conclure que cet arbre n’a jamais existé.
TSF
Qu’avez-vous voulu faire à travers votre marque ?
Sophie
On a voulu mettre le plaisir au cœur d’un projet de création et voir si ça fonctionnait. C’est la valeur cardinale d’HAOS, et l’étalon de mesure de toutes nos décisions. Ça peut paraître étrange de mettre ça en avant, mais ça nous semble être une condition essentielle et la meilleure garantie que l’on puisse offrir. Celle que nos produits seront toujours conçus avec cœur et dans le souci du détail. Pour rester cohérents dans la durée, avec cette raison d’être, on s’est fixés trois objectifs : travailler à notre rythme, être fiers du fruit de notre travail et ne jamais s’ennuyer.
Cédric
On retrouve ces exigences en creux dans tous nos choix. L’auto-édition nous permet de nous impliquer dans toutes les étapes de conception des produits sans faire de concession sur le processus créatif ou sur la qualité des matériaux et techniques mis en œuvre. Notre champ d’exercice va ainsi des premières esquisses à la scénographie, en passant par le prototypage et la mise en production. En plus d’être un rempart à la monotonie, cette démarche donne une certaine cohérence à la marque, dans ses produits et dans sa représentation. Toutes les pièces sont fabriquées à la main par des artisans : c’est là aussi la richesse des rencontres, la précision des savoir-faire, et des cadences forcément limitées que nous sommes allés chercher.
TSF
Pourquoi avoir décidé de la créer tous les deux ?
Cédric
HAOS est l’expression d’envies que nous partageons, pour les avoir cultivées ensemble. C’était donc naturel de les poursuivre à deux.
TSF
Comment élaborez-vous vos collections ?
Sophie
Notre rôle d’auto-éditeur nous amène à être très tôt au contact d’artisans. Cela nous permet de réfléchir l’objet en intégrant, dès les premières ébauches, le regard et les idées de personnes ayant des dizaines d’années d’expérience au contact d’un même matériau. Ça laisse aussi un peu de champ aux bonnes surprises : le rose poudré que l’on retrouve sur certains de nos luminaires est né d’une erreur de cuisson.
Cédric
Nous travaillons à deux sur la phase de conception et aucune orientation n’est prise sans qu’on soit tous les deux d’accord ! Autrement dit, on a chacun un droit de veto sur les idées de l’autre. On est tous les deux perfectionnistes mais on ne s’attache pas forcément aux mêmes détails : c’est parfois un peu compliqué d’avancer mais on préfère ça au consensus mou qui évite les conflits mais ne satisfait personne.
TSF
Pourquoi avoir commencé par les luminaires ?
Cédric
Nous voulions commencer par un objet courant. On a décidé de poser des contraintes pour avancer et le choix d’un luminaire s’est fait de manière arbitraire.
TSF
Quel est le style HAOS ?
Cédric
On cherche à faire des objets élégants, qu’on ne se lasse pas de voir au bout de 3 mois ou de 3 ans parce que le concept est alambiqué ou qu’il sacrifie trop aux tendances du moment. C’est l’objectif, mais bien sûr seule l’épreuve du temps nous dira si nous y sommes parvenus. Le choix pour notre première collection : de la céramique, un matériau brut, subtil, durable, répond à cette ambition. La simplicité des formes également.
TSF
Votre philosophie ?
Cédric
La morale de Marc-Aurèle : “Ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant.”
TSF
Où puisez-vous vos inspirations ?
Cédric
On s’intéresse bien sûr au design mais on est curieux de tout. On a d’ailleurs des embryons de projets dans un certain nombre de domaines ! L’inspiration vient sans doute d’une condensation de tout ça, des livres qu’on lit, des personnes qu’on rencontre, des lieux qu’on visite, des intérêts du moment qui un jour se cristallisent d’une certaine manière sans que l’on sache vraiment pourquoi. Une réponse plus précise serait une vue de l’esprit.
TSF
À qui sont destinés les objets HAOS ?
Cédric
Au public le plus large possible, même si les procédés de fabrication manuels nous placent nécessairement dans le haut de gamme.
TSF
Avez-vous des conseils scénographiques particuliers à distiller pour les mettre en valeur ?
Sophie
Au contraire, on a hâte d’être surpris.
TSF
Sur quel objet allez-vous vous concentrer pour la seconde collection ?
Cédric
Miroir, mon beau miroir…
TSF
Et enfin, les adresses design d’HAOS à Paris ou ailleurs ?
Cédric
Golden Age, une galerie spécialisée dans le mobilier des Trente Glorieuses, et leboncoin !