Chez
Italo Manca, le style à la milanaise
Pour Italo Manca, impensable de sortir sans nœud papillon et veste de costume ! Une « aberration » qui le ferait se sentir nu, presque illégitime, lui, un des hommes les plus élégants de Milan. Véritable archiviste de la mode avec ses collections de montres, de chaussures… et autres boutons de manchettes, le propriétaire de La Libera – mythique établissement du quartier de Brera – est intarissable sur le sujet. Il est d’ailleurs l’illustration même de l’idée que l’on se fait de la capitale lombarde et de son sens du style dont les plus anciens habitants semblent être les gardiens. Dans les rues pavées de la cité, sa silhouette (bicyclette, cigare immuable et moustache folle) est reconnaissable entre toutes. En engageant la discussion à son propos, elle nous vaudra même quelques précieux conseils. On apprendra par exemple que l’harmonie est aussi importante que l’élégance. Que la lumière est primordiale ; c’est d’ailleurs, à l’entendre, elle qui dicte les associations journalières du Milanais : « Quand il fait beau, je choisis des couleurs pour le soleil. Quand le temps est à la grisaille, je choisis des couleurs pour le gris ! » Mais aussi qu’il faut cultiver son imagination. Milan a cela de particulier. Ouverte aux idées et aux gens, la capitale du design est généreuse. Elle libère ! En témoigne l’extraordinaire intérieur de l’Italien. Une ode à la fureur de vivre, à l’amour des voyages et à l’humour, qui peut se trouver (vraiment) n’importe où. Autrefois matelot, serveur, boxeur puis entrepreneur, ce personnage à la verve haute semble avoir accumulé les souvenirs de mille vies. Toutes aussi trépidantes les unes que les autres mais avec un dénominateur commun : l’anticonformisme.
Retrouvez l’univers singulier d’Italo Manca dans notre premier livre auto-édité The Socialite Family, Retrospective. Un florilège des plus intérieurs aperçus au fil de l’histoire de notre média à se procurer en boutique comme sur notre e-shop.
Lieu
Milan
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Valerio Geraci
TSF
Italo, qui êtes-vous ? Quel est votre lien avec Milan ? Quelle était votre vie avant La Libera ?
Italo
Je suis né à Alghero en Sardaigne, et j’ai grandi à Sanremo. À 14 ans, je voulais travailler dans un atelier de haute couture mais on m’a dit que ce n’était pas possible car on n’y engageait que des femmes. Alors, je suis allé à Monte-Carlo pour travailler à l’Hôtel de Paris comme serveur. Puis j’ai continué ce travail sur les navires de croisière de la compagnie italienne Home Lines. Enfin, après une période à New York, je suis rentré en Italie avec l’idée d’ouvrir, avec des amis, des bars et des restaurants dans le quartier de Brera, à Milan. Aujourd’hui, nous avons sept établissements : La Vittoria, Il Banco, Le Stanze, Il Nazionale, Le Bandiere, Il Timè et La Libera. L’année prochaine, La Libera fêtera ses 40 ans.
TSF
Il y a une vraie précision dans la manière de choisir les couleurs, que seuls les Italiens savent maîtriser. À Brera, vous êtes d’ailleurs un personnage connu pour son élégance et son raffinement. Pouvez-vous nous dire d’où vous vient ce goût ?
Italo
Tout cela me vient de mon père qui ne portait que des vêtements sur mesure. Je l’accompagnais d’ailleurs à toutes ses visites chez le tailleur ou chez le cordonnier. Voilà d’où vient mon éducation ! Mais je dois dire que mes frères ne sont pas comme moi. Il se peut donc que je sois né comme ça (rires).
TSF
Est-ce pareil chez vous, dans votre décoration ?
Italo
Ma maison aussi est pleine de couleurs ! Je possède beaucoup de peintures et de livres. Ma décoration reflète l’amour que j’ai pour mon travail et pour mes lectures. J’ai également beaucoup voyagé et je suis un fan de boxe, un sport que j’ai pratiqué quand j’étais jeune. Cela se ressent d’une certaine manière, je pense.
TSF
Vous collectionnez les costumes. Comment les choisissez-vous ?
Italo
Il se peut que l’humeur détermine le choix. Mais le plus souvent, c’est aléatoire ! Je n’ai jamais compté mes vêtements. Tout ce que je peux affirmer, c’est qu’ils m’ont coûté cher (rires).
TSF
Quelles sont vos adresses de prédilection pour vous habiller ? Quels conseils destineriez-vous aux hommes pour être élégant en toutes circonstances, été comme hiver ?
Italo
Pour mes cravates et mes nœuds papillons, j’ai mes habitudes à la maison Charvet. Pour tout le reste, j’ai recours à des artisans. Mon conseil : ayez plus d’imagination et regardez-vous dans le miroir ! Et surtout, moins de conformisme.
TSF
Quel est le plat signature de votre établissement La Libera ? Votre clientèle ?
Italo
Il n’y a pas un, mais plusieurs plats signatures qui sont La Cotoletta alla Milanese, il Riso al Salto et la Glace au Four. Côté clientèle, nous avons des habitués (j’ai vu des familles s’agrandir au fil des années !) comme des gens de passage, et désormais, de plus en plus d’étrangers. Parmi eux, Daniel Harding, un client fidèle !
TSF
Et chez vous, que cuisinez-vous ?
Italo
À la maison, je mange des choses très simples et légères. Mais quand je reçois des amis, j’aime cuisiner des plats traditionnels ! Alors quand je sors, ce que je recherche, c’est cette fameuse tradition, mais « renouvelée ». J’ai beaucoup aimé Gualtiero Marchesi. Maintenant, il y a son élève Daniel Canzian, qui dirige une excellente adresse.
TSF
Avez-vous une adresse à nous recommander en bord de mer ?
Italo
Le restaurant Velvet à Bordighera, une belle ville côtière près de Sanremo et tout près de la France.