Familles
Entre ses murs à Essaouira, la famille à l’origine du Perchoir à Paris au complet
Chez
Laurence et Christophe Talon, Christine et Adrien Boissaye, Ava 7 ans et Gaspard 6 ans
Ici, on vit pieds nus. La maison aux baies vitrées et aux portes toujours ouvertes nous accueille dans un souffle d’air chaud. Laurence et Christine sont sœurs. Elles ont grandi, vécu et travaillé ensemble, jusqu’à lancer leur enseigne de décoration, jusqu’à épouser deux copains, jusqu’à vivre ensemble et en famille dans le même immeuble parisien. La vie a suivi son cours, les enfants ont grandi, les petits-enfants sont arrivés. Sans oublier un autre bébé, et de taille : Le Perchoir à Paris, quatre adresses et une aventure familiale auquel chaque membre ou presque aura participé. The Socialite Family a rencontré la tribu dans son fief depuis une dizaine d’années : Essaouira, où la famille pose régulièrement ses valises et où, à la faveur de la crise sanitaire de 2020, elle aura même fait construire son propre paradis. Bienvenue à Dar Algajola, qui emprunte son nom…au village corse où se rend le clan depuis plusieurs décennies.
Lieu
Maroc
texte
Elsa Cau, Constance Gennari
Photographies et Vidéos
Constance Gennari
TSF
Laurence, Christine, Christophe, Adrien, qui êtes-vous ?
Laurence
Christine et moi sommes sœurs. On a monté une boutique de dépôt il y a une vingtaine d'années : Les Autruches. On a toujours élevé nos enfants ensemble, toujours vécu dans le même immeuble... On fonctionne un peu comme des sœurs jumelles même si on a trois ans d'écart. D'ailleurs, on a épousé deux copains (rires) ! J’ai trois enfants : Olivier, Camille et Juliette et un petit-fils, Gaspard.
Christine
Je suis l’aînée de cette famille de filles. J’ai trois enfants : Adrien, Paul et Marine, et quatre petits-enfants, Emma, Ava, Raphaël et Romée. Laurence et moi fonctionnons depuis toujours un peu comme des sœurs jumelles même si nous avons trois ans d’écart !
Christophe
Je suis le mari de Laurence, je viens de Dunkerque et quand j’ai rencontré ma femme – très Parisienne –, j’ai vite compris que j’entrais dans une tribu ! Je suis ingénieur, j’aime le concret, mais aussi avoir des projets qui m’amusent. C’est comme ça que nous avons monté Le Perchoir, avec Adrien. Mon fils Olivier nous a rejoints pendant un temps. C’est aussi pour ça que dix ans plus tard, je me suis tout de suite plongé dans le projet Dar Algajola. Différent, bien sûr ! Non pas professionnel, mais toujours familial !
Adrien
Je suis le fils aîné de Christine et Gilles, je suis le papa d’Ava, 7 ans, et je partage ma vie avec Juliette. J’ai fondé Le Perchoir avec mon oncle Christophe. On partage l’amour des projets et le plaisir de recevoir.
TSF
Laurence, Christine, quel est votre parcours ?
Laurence
Jeunes femmes, nous avons travaillé toutes les deux chez Hermès, au Faubourg Saint-Honoré où nous avons beaucoup appris et évolué dans un univers de beauté et d’excellence…
Christine
Et toujours ensemble, nous avons créé notre boutique de déco Les Autruches, il y a vingt ans, à Paris dans le XIVe arrondissement. On retrouve d’ailleurs complètement l’univers de la boutique à Dar Algajola, les meubles, lampes et tissus qu’on aime retrouver dans les maisons de vacances, mais pas que… On aime beaucoup mélanger tout en étant très vigilantes sur une harmonie générale surtout dans les couleurs, il faut que tout cela soit doux à l’œil ! Laurence ose plus que moi, mais nous sommes très complémentaires.
TSF
Comment avez-vous découvert cette maison ?
Laurence
On vient à Essaouira depuis douze ans, à la suite des 50 ans de Christine qui les avait fêtés ici. On est tous tombés amoureux de l'endroit. Et on a décidé d'acheter un terrain juste au moment du confinement, en 2020, pour construire une maison familiale.
Christine
C'est vrai qu'on venait depuis plus de dix ans dans une maison d'hôtes juste à côté. On est allées voir le terrain mitoyen avec Juliette, la fille de Laurence et de Christophe. On a aimé. Et l'idée a germé dans nos esprits, à Laurence, Christophe et moi-même... Parce qu'on est quand même trois dans l'aventure de Dar Algajola ! J'ai divorcé il y a une vingtaine d'années pour ma part. À ce moment-là, Christophe, mon beau-frère qui est un véritable entrepreneur, nous a encouragées et surtout beaucoup aidées à monter la boutique de déco.
Laurence
En 2020, le terrain voisin de Baoussala où l’on se rendait chaque année a été mis en vente. Nous avons signé la veille du premier confinement : en moins d'un mois, on avait acheté le terrain !
Adrien
La famille vient à Essaouira depuis quinze ans et maintenant que nous avons notre base familiale, je prends beaucoup de plaisir à faire découvrir la région à nos amis. Nous organisons notamment une semaine de festivités pendant les Fêtes de fin d’année ! C’est pour toutes ces raisons que nous nous sommes lancés dans un nouveau projet d’hôtel à Essaouira. Nous avons fait appel à Jaune Architecture, Paula Daniel et Marine Delaloy, pour conceptualiser l’hôtel de nos rêves. C’est très excitant de participer au développement d’une région aussi riche que celle d’Essaouira qui est encore une destination avec beaucoup de potentiel…
On vient à Essaouira depuis douze ans : on est tous tombés amoureux de l'endroit. Et on a décidé d'acheter un terrain au moment du confinement, en 2020, pour construire une maison familiale.
TSF
Juliette, votre fille, a aussi pris part au projet...
Laurence
Juliette est scénographe. Elle a étudié trois ans l'interior design à Londres et après, elle a fait un master de scénographie aux Arts décoratifs à Paris. C'est elle qui nous a recommandé d'ouvrir beaucoup plus le plan de la maison, de « l’éclater » ; un plan qui à l'origine se rapprochait plutôt du riad complètement fermé. Elle a tout ouvert, redessiné. Elle a vraiment pris en main la direction artistique et suivi les travaux avec son père.
Christine
On a eu pas mal de surprises, notamment un changement de réglementation pendant la construction.
Christophe
On est passés d'un COS (coefficient d'occupation du sol, ndlr) de 4% à un de 30%.
TSF
Toute la famille a donc participé à la création de ce lieu !
Laurence
Eh bien, la maison est aux enfants. Notre idée, c'était d'en être les gérants ! Chacun a mis son grain de sel dans la famille : Adrien a été de bon conseil pour la partie hôtellerie, même si on ne se définit pas comme un hôtel mais comme une maison d’hôtes. La fille de Christine nous a aidés pour le jardin, sur les panneaux solaires notamment.
Christine
On a essayé de faire quelque chose d'autonome – en tout cas le plus possible – sur le plan énergétique. Le potager est normalement en plein rendement pour les légumes, on a aussi un poulailler.
TSF
Parlez-nous un peu plus du projet Dar Algajola. Vous ne vivez pas à l’année ici, à Essaouira.
Christophe
Moi, quasiment ! Laurence et Christine ont encore la boutique à Paris. Mais pour ma part, je m’occupe très bien ici ! Accueillir les locataires est devenu pour moi un nouveau boulot… et je me suis rendu compte que j’aimais ça !
Laurence
Ici, il y a 11 chambres. Le nom vient d'un village corse, dans lequel ma sœur et moi-même nous rendons depuis soixante ans ! Nos parents ont acheté dans les années 1970… Pour Dar Algajola, on a décidé très vite que l’extérieur serait en pierres sèches et on a beaucoup chiné ici. On vit à l'année à Paris, dans le XIVe, tous ensemble : notre grand-mère qui avait cet immeuble nous a donné à chacune un appartement. Moi, j'habitais au premier, Christine et Gilles au deuxième. Et pendant des années, les enfants sont passés d'un appartement à l'autre comme dans une maison de famille. Quand on a déménagé parce que c'était trop petit, on est partis... juste à côté.
Christine
Et là, ça continue un peu parce qu'Adrien habite toujours là-bas ainsi qu’Olivier, mon fils aîné.
Laurence
Et Camille, ma fille, habite aussi dans la cour de l'immeuble, dans un atelier. Astrid, notre petite sœur, également. Et puis Juliette, ma fille, va s'y installer ! Concernant Essaouira, on a décidé de louer pour rembourser les frais et surtout pour que les enfants viennent sans avoir à payer.
Christine
A Essaouira, on a cinq salariés. On loue la maison, avec tout le service (courses, chef, ménage), pas à la chambre.
TSF
Et la décoration, comment l’avez-vous pensée ici ?
Laurence
On a d'abord décidé de la pierre, qui est locale. C'est une maison d'amis dans les parages, imaginée par Studio KO, qui nous a inspirés.
Christine
Pour la maison, on a beaucoup chiné ici, à Essaouira : les chaises en fer forgé blanc à l'extérieur, par exemple. On a fait faire beaucoup de housses de coussins, de tapis, aussi. On a trouvé nos tapis à Marrakech et à Essaouira à la galerie Jama qui a un très beau choix de tapis anciens. On a fait fabriquer les rideaux et les canapés en kiria, à Marrakech et à Essaouira. Le kiria est un tissu de coton un peu épais et toujours blanc, très utilisé au Maroc.On a fait bien sûr venir pas mal de choses de notre boutique, de fournisseurs qu’on aime : Honoré Déco, Atmosphère d’ailleurs, Tse Tse, Caravane, cinq étoiles…
Laurence
On a pas mal chiné, oui. On est allés chez Moustapha Blahoui à Marrakech. On avait travaillé avec lui pour Le Perchoir.
Christophe
Pour le jardin, on avait fait appel à un paysagiste... sauf qu'on n'a absolument pas pris en compte ce qu'il nous disait (rires). On a mis des oliviers, du romarin, de la lavande. La conception a été un vrai challenge, mais on savait qu’on voulait un jardin désordonné.
Laurence
Si, quand même, il a fait des tableaux, avec quelques espèces luxuriantes et sauvages... On s’est beaucoup inspirés d’un paysagiste italien, Luciano Giubbilei.
Christophe
Le potager s'est fait il y a deux hivers. Avec le gardien, on regardait tous les soirs des vidéos YouTube sur la permaculture. On a démarré comme ça. J'ai aussi un copain ici qui a une ferme en permaculture et qui nous a donné quelques conseils. On a des aubergines, des courgettes, des tomates, du fenouil, des navets, des salades...
Laurence
Il y a aussi un endroit qui nous a un peu inspirés à Marrakech, c'est la Kasbah Bab Ourika.
TSF
Vous êtes aussi, en famille, à l’origine de l’aventure du Perchoir à Paris.
Christophe et Adrien
On a monté le premier Perchoir en famille, avec Olivier (Talon, ndlr), sur une trouvaille d'Adrien. On voulait faire la première paillotte de Paris ! Maintenant, on en a quatre à Paris (le Chalet des îles Daumesnil, le Perchoir Porte de Versailles, Le Perchoir Ménilmontant et le Pavillon Puebla, ndlr).
Laurence
Côté déco, on a pas mal participé ! À chaque fois, c'étaient des contextes et des lieux différents. Pour le premier, dans le XIe arrondissement, c'était juste comme une grande tente berbère et à chaque saison, on changeait tous les coussins, par exemple. Pour le BHV, on a bossé avec Boboboom.
TSF
Comment voyez-vous la suite de Dar Algajola ?
Christine
Dar Algajola, c’est vraiment une maison de famille et d’amis ! On aime s’y retrouver, recevoir, s’y reposer, voir les petits-enfants grandir de vacances en vacances. On va aussi en profiter plus de notre côté, nous, les grands-parents, tout en faisant des allers-retours à Paris.
TSF
Que représente The Socialite Family pour vous ?
Laurence
The Socialite Family, c’est, pour nous, un concept très novateur. On aime votre curiosité, votre culture et vos références dans la décoration d’intérieur. En fait, c’est tout un univers, mais pas figé de piles de coussins. On garde un souvenir ébloui de l’événement La Scopa que vous aviez organisé à Paris !
TSF
Avez-vous une ou plusieurs pièces préférées dans notre collection ?
Christine
Ouiiii (rires) ! La lampe Gioia, l’étagère Mara et la nouvelle collection en éponge Allegria…
TSF
Avez-vous quelques bonnes adresses des environs à partager avec nous ?
Chrisine, Laurence & Christophe
Les artisans du Km 8, au bout de notre route, sur la route qui mène à Essaouira, au km 8, des objets pour la maison et meubles dans le style beldi chic. La Tratoria, une vraie gargote à Sidi Kaouki : pâtes aux câpres, sandwichs keftas, sardines et poissons grillés dans un emplacement idéal, voisin des cours de surf, face à la plage. Les souks : d'Ida Ougourd, le mercredi matin et d'El Had Draa, le dimanche matin, à 30 km d'Essaouira, le plus grand marché rural de la région.
"Dar Algajola, c’est vraiment une maison de famille et d’amis ! On aime s’y retrouver, recevoir, s’y reposer, voir les petits-enfants grandir de vacances en vacances."