Familles
En Camargue, rencontre avec un chef étoilé et sa compagne artiste.
Chez
Armand Arnal et Céline Pujol
The Socialite Family continue ses pérégrinations arlésiennes chez l’une de ses figures : Armand Arnal. Chef étoilé émérite à la tête de La Chassagnette, temple du végétal accolé à un potager de plus de 2 hectares dans lequel s’ébattent joyeusement plus de 160 variétés de végétaux, c’est pieds nus et accompagné de l’artiste Céline Pujol qu’il nous fait le plaisir de nous accueillir. Les Rencontres de la Photographie viennent à peine de commencer, la Design Parade de Toulon de se terminer. L’entre-deux est savoureux, propice aux élans créatifs. Dans cet appartement au cadre Napoléon III et à l’ambiance vénitio-camarguaise, l’art est omniprésent. Accroché au mur, niché dans les livres, exposé au sol… mais surtout, dans les veines de ces deux personnalités à part entière qui célèbrent leurs passions quotidiennement. Amis d’enfance depuis qu’ils ont 12 ans, Armand Arnal et Céline Pujol se sont retrouvés ici. Sur cette terre puissante à la lumière pure et immaculée. Dans le quartier des Arènes – jouxtant cette maison de famille dont ils occupent le premier étage – le couple se raconte. Elle, bohémienne dans l’âme, nous explique adorer la vie de troupe. Celle qu’elle a vécue en jouant au festival d’Avignon et qu’elle retrouve grâce à « l‘agitation tout en gaieté » d’Arles. Cette même Arles qui a offert au Méditerranéen la possibilité de se façonner au cours des années une identité unique. S’offrant la liberté de naviguer d’univers en univers. De rencontres en rencontres. Une simplicité d’une richesse pourtant extraordinaire dont ils ne se passeraient tous les deux pour rien au monde.
Retrouvez l’univers singulier d'Armand Arnal dans notre livre auto-édité The Socialite Family, Retrospective. Un florilège des plus beaux intérieurs aperçus au fil de l’histoire de notre média à se procurer en boutique comme sur notre e-shop.
Lieu
Arles
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Valerio Geraci
TSF
Armand, Céline, qui êtes-vous ?
Armand
Je suis méditerranéen, cuisinier et heureux père de Bettie et de Gaston.
Céline
Je suis maman d’une petite Charlotte de bientôt 5 ans, espiègle et drôle et d’un chaton qui s’appelle Paloma. Je m’exprime au quotidien. J’écris, je danse, je joue. Créer est nécessaire et tout est sujet à être créé. J’adore la vie de troupe, je l’ai vécue en jouant au festival d’Avignon, quand j’ai monté des galeries ou encore au cours des tournages des courts-métrages que j’ai réalisés. J’aime la vie de bohème, l’esprit gitan. Je le retrouve ici à Arles où tout est mouvement, d’une agitation tout en gaieté et où les rencontres sont incroyablement riches et simples.
TSF
Que représente Arles pour chacun de vous ?
Armand
J’ai connu Arles avec Anne Igou la propriétaire de l’hôtel Nord-Pinus qui m’a fait découvrir la ville et surtout l’histoire incroyable de l’établissement et de tous les artistes qui y ont séjourné comme Jean Cocteau, Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Peter Lindbergh ou encore de grands toréros comme Luis Miguel Dominguín.
Céline
Je suis venue à Arles des années durant à l’occasion des Rencontres de la Photographie. Je my rendais seule,, puis avec ma fille et j’adaptais, pour elle, les expositions, les spectacles. J’ai toujours adoré venir. La ville est en effervescence et les accrochages ont lieu partout, même dans la rue ! Aller à La Chassagnette faisait partie de mon parcours incontournable. J’allais bien sûr y voir Armand – qui est mon ami d’enfance depuis nos 12 ans – chef de ce restaurant unique pour sa cuisine si poétique et pour ce lieu d’une élégante simplicité au cœur d’un potager. Aujourd’hui, j’y suis dès que possible. J’y ai fait de merveilleuses rencontres comme Anne Carpentier, qui possède la galerie Vaste Horizon, qui m’a aussi invitée à faire une lecture des poèmes de Dora Maar et à y projeter une danse que j’ai faite pour cette occasion, inspirée de ces mêmes poèmes, avec la chorégraphe Elvina Pascal. Une performance qui va ensuite voyager avec les dessins que présentent Anne et d’autres intervenants comme Brigitte Benkemoun qui a écrit le livre Je suis le carnet de Dora Maar ou d’autres amies qui sont philosophes, psychiatres mais aussi commissaires d’expositions à Beaubourg. Nous voudrions organiser un bouillon d’expertes autour du cas Dora Maar et, chose extraordinaire, dans sa maison, à Ménerbes.
TSF
Comment cette ville extraordinaire vous inspire-t-elle au quotidien ?
Armand
J’ai toujours été fasciné par la Camargue. Des sols craquelés aux couleurs rouges des salins, de la forme des tamaris façonnée par le mistral au bord du Vaccarès, mais aussi les plages de Beauduc… et puis la lumière ! Pure et immaculée. Mon travail à La Chassagnette se nourrit de toutes ces influences au quotidien.
Céline
Ce qui est le plus magique, c’est cette lumière. J’ai vécu dans différentes villes et je n’en avais jamais eu autant conscience. De combien la lumière peut être belle, de combien elle peut être apaisante et source de vivacité. Cette lumière qui se confronte aux pierres blanches et qui renvoie une énergie propice à respirer ou à prendre les pinceaux nécessaires pour créer une œuvre magistrale. La lumière d’Arles le permet.
TSF
De quelle manière vivez-vous sa mue en destination culturelle et touristique – qui ne cesse de s’amplifier d’année en année ?
Armand
C’est une chance extraordinaire de vivre ça de l’intérieur ! On sent une ébullition qui dépasse la saison estivale. Arles se trouve enrichie de personnes venant chercher le calme et l’authenticité, en recherche d’un souffle créatif.
Céline
Je l’ai vécue de l’extérieur et, depuis peu, de l’intérieur ! Un peu comme cette tournure de « en » Arles et « à » Arles, il ne s’agit pas d’une coquetterie mais vraiment de comment l’on parcourt la ville et de ce qu’elle décide de nous offrir. On s’y sent protégé par ses remparts. J’ai entendu qu’il s’agissait d’une ville à l’énergie tellurique rare. Cela pourrait participer à attirer tout cet élan créatif ! Ce qui est extraordinaire, c’est de rencontrer si facilement des gens que l’on n’oserait jamais aborder dans d’autres lieux ou en circonstances plus conventionnelles. Par exemple dans d’autres villes comme Paris où l’on dit « qu’il se passe des choses ». Mais que se passe-t-il sans rencontres ? Et peut-on émerger sans rencontrer la personne qui saura révéler tout le talent ou le potentiel de l’âme créative ? Nous sommes en pleine semaine des Rencontres de la Photographie, la première du mois de juillet et c’est là que tout se passe. On court de vernissage en vernissage ou pour assister à des célébrations dans des lieux historiques, mais aussi dans des maisons. La fête et la découverte sont omniprésentes !
TSF
Y participez-vous aussi, à votre manière ?
Armand
Je participe à différents projets associatifs et culinaires dont un en particulier qui s’appelle Des étoiles et des femmes, qui aide les femmes en difficulté à trouver un travail dans la restauration. Je travaille également avec l’atelier Luma, qui est un centre unique au monde utilisant le design comme outil de transition environnementale et Food Cercle qui est un projet de cuisine collaborative.
Céline
De mon côté je vais prendre part à un workshop de danse avec le chorégraphe Dimitri Chamblas, organisé par l’atelier Luma où Benjamin Millepied est aussi en résidence. Je travaille sur un livre et j’aimerais beaucoup qu’il soit édité ici. Arles est un peu une mère rassurante ! (Rires) Enfin, nous avons un projet ensemble (que l’on peaufine) où tout pourrait s’entremêler.
TSF
Quelle est l’histoire de cet appartement, de son écrin ?
Armand
L’appartement se trouve dans le quartier des Arènes. Nous occupons le premier étage d’une maison de famille où la propriétaire est née et vit toujours. C’est un lieu rare pour la ville, un lieu de vie.
Céline
Les plafonds font penser à ceux de Venise, les pièces sont vastes, les tomettes et les hautes fenêtres sont des atouts indéniables !
TSF
Comment l’avez-vous investi ?
Armand
Nous avons créé les pièces à vivre côté rue. Les chambres côté cour, pour plus de calme, de lumière et surtout, de chants d’oiseaux !
Céline
Une cuisine forcément ouverte pour échanger tout en faisant à manger, des murs couverts de photographies et des chaises, une vraie passion !
TSF
Votre pièce favorite à chacun ? Celle où vous aimez vous retrouver, seul ? Ou a contrario, ensemble ?
Armand
La chambre. L’installation des roseaux tressés donne un côté cabane. Au moment de la sieste, on s’endort en regardant le mouvement des feuilles du grand marronnier dans la cour.
Céline
Installée sur le rebord de la fenêtre de la chambre, quand le soleil s’invite dans la pièce. C’est l’endroit parfait pour lire.
TSF
Les rendez-vous immanquables à Arles, pour vous ?
Armand
La fête des Gardians. Chaque 1ᵉʳ mai à Arles, les cavaliers de la Confrérie des Gardians sont sur leurs chevaux de Camargue et se rassemblent dans le centre-ville en paradant, accompagnés d’Arlésiennes. Ils rendent hommage à saint Georges, leur patron.
Céline
Les costumes sont sublimes ! Il y a des coiffes, des dentelles qui virevoltent… C’est beau, ces traditions ! À cela j’ajouterais, pendant toute la période estivale, Les Rencontres de la Photographie et la Feria du Riz !
TSF
Et enfin, quelques adresses à ne surtout pas négliger si l’on désire davantage connaître la capitale de la Camargue et son patrimoine ?
Armand
Le Musée départemental Arles antique, la Fondation Vincent van Gogh, l’hôtel Nord-Pinus pour boire un verre, la visite du cloître Sainte-Trophime, une balade dans le jardin des Alyscamps. Enfin, le coucher de soleil sur les bords du Rhône et, si vous le pouvez, une grande balade en Camargue.
Céline
Il y a des plages sauvages en Camargue auxquelles on peut accéder en bateau. La route est si belle, ces vastes étendues, à perte de vue. Ça, c’est à faire.