Familles
L'oeil toujours ouvert de la créatrice de Wild and The Moon.
Chez
Emmanuelle Sawko et Hervé, Thaïs 17, Joseph 15, Vladimir 12 ans
Avec l’ouverture fin septembre d’un impressionnant flagship Wild and The Moon de plus de 180 m² en plein cœur de Paris, Emmanuelle Sawko étend sa philosophie – se faire du bien à soi, ainsi qu’à la planète – à un tout autre niveau. Une consécration pour celle qui a déjà plus de 10 adresses à Paris (!) et pour qui 2019 s’annonce déjà comme une année particulièrement fructueuse. À Dubaï, là où tout a commencé, la Parisienne ouvrira dans les mois à venir deux nouveaux points de vente. Un véritable « mouvement urbain » qui a pour chevaux de bataille le wild – des recettes proposées à partir de produits biologiques provenant exclusivement de producteurs locaux, travaillant dans le respect de la nature, de la terre – et le moon – dans le respect total du cycle de la nature, de ses saisons. Ce Yin et ce Yang définissent l’offre qu’élaborent dans les moindres détails Emmanuelle et son équipe d’amoureux du goût. Des chefs, des nutritionnistes et même des naturopathes qui œuvrent sans relâche à l’élaboration de recettes aussi goûteuses que délicieusement visuelles, prônant le zéro-déchet. « Ma contribution », nous souffle l’entrepreneuse quand elle évoque les dérives de la consommation de masse et ses effets désastreux sur notre planète. Biberonnée au bio par sa mère, élevée dans la célébration de la bonne chère, Emmanuelle Sawko n’oublie pas que la nourriture reste avant tout sociale et que pour être appréciée, partagée, voire débattue à sa juste valeur, il lui faut continuellement ouvrir son champ des possibles. Revisiter les traditions, y mêler des alicaments et beaucoup de bon sens sans verser dans le cliché. Exactement comme chez elle. Dans ce lumineux duplex situé non loin du jardin des Tuileries, la cuisine est la pièce centrale. Celle autour de laquelle gravite la vie de toute la famille. Comme avec Wild and The Moon – dont elle aime plus que tout superviser la création – Emmanuelle s’amuse à voir son intérieur évoluer au fil de ses coups de cœur. Toujours mode, un brin ethnique, avec un héritage industriel et une forte sensibilité du design : son style nous interpelle. Il est généreux, comme elle. En définitive, et comme tout ce qu’elle entreprend, jamais ennuyeux !
Lieu
Paris
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Valerio Geraci
TSF
Emma, pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?
Emma
Mes parents sont tous les deux parisiens. Je suis née à New York, j’ai grandi en Suisse et j’ai travaillé dans la publicité à Paris. J’y ai rencontré mon mari – et futur partenaire de l’aventure Wild & The Moon– Hervé, avec qui nous avons eu trois enfants et un chat. Nous avons quitté Paris pour New York, puis New York pour Dubaï où son job de banquier d’affaires l’avait conduit. C’est à Dubaï que j’ai d’abord lancé mon premier concept store, Comptoir 102, un lieu où cohabitent design, décoration, mode, bijoux, (green) cosmétiques ainsi qu’un restaurant tout bio et sain. Puis les restaurants Wild & The Moon à Dubaï et à Paris. J’habite aujourd’hui entre ces deux villes !
TSF
Racontez-nous la fabuleuse aventure Wild & The Moon. Pourquoi ce nom ?
Emma
Quand j’ai ouvert le restaurant Comptoir 102 à Dubaï avec mes recettes – c’est-à-dire des trucs bio avec des graines, des algues et plein de légumes – c’était un pari un peu fou. Le fast-food était roi et moi, je débarquais comme une fleur en expliquant qu’il y aurait des jus verts mais pas de sodas, des chia puddings mais pas de croissants, des desserts… mais sans sucre. On m’a patiemment expliqué que ce n’était pas une chose possible, que c’était la faillite assurée et que les gens n’allaient « pas adhérer ». En fait, ils y ont adhéré et le concept a fait le buzz ! Et puis j’ai eu envie de pousser le tout un peu plus loin. D’ouvrir un lieu 100% végétal, avec des produits issus de l’agriculture locale et biologique, sans pesticides, sans gluten, sans produits laitiers, sans OGM, sans sucre, sans exhausteurs de goût, sans colorants… Sans chimie, en fait ! Je me suis demandé si, ça aussi, c’était une chose impossible ! Peut-on vraiment faire marche arrière, revenir à des aliments sains, non transformés, tout ça dans le respect de l’agriculture responsable ? Avec une équipe de chefs, de nutritionnistes et de naturopathes, nous avons développé des recettes délicieuses à partir de vrais produits. C’est de là que vient notre nom : wild, parce qu’ils sont uniquement de petits producteurs bio et locaux qui travaillent dans le respect de la nature et de la terre. The Moon, car elle est là pour nous rappeler le cycle des saisons, de la nature.
TSF
Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ? Vos envies pour le développement de votre marque ?
Emma
J’adore travailler avec une équipe, mais j’aime encore plus la création. Avoir une idée, un projet, le voir prendre forme, chercher l’inspiration, essayer, développer, le voir naître, se concrétiser. C’est ce qui me fait vibrer, ce qui me donne envie de me lever le matin. Le projet de Wild & The Moon_,_ ce n’est pas seulement de créer une carte à partir de produits clean, éthiques, à la fois bons pour le corps et écologiques, mais c’est aussi en faire une nouvelle norme. Il y a urgence pour notre planète ; on croule sous le plastique, les déchets, la malbouffe, on appauvrit les sols, on détruit les réserves naturelles, on intoxique ce qui reste. Il est donc temps de se rééduquer et de consommer autrement. Wild & The Moon_,_ c’est ma contribution.
Je ne fais jamais appel à un décorateur. J’aime que mes lieux me ressemblent, m’apaisent.
TSF
Qu’est-ce qui différencie Wild & The Moon des autres marques/enseignes à l’offre gustative green pensée dans les moindres détails ?
Emma
Mon souhait n’était pas d’ouvrir un restaurant végétarien. Ou végane. Ou bio. Ou diététique. Je me suis simplement demandé comment manger bien, ultra-sain en se faisant réellement plaisir, en respectant son corps et l’environnement. À partir de là, nous avons développé ou créé des recettes. Par ailleurs, chez nous, le zero -waste et le sans-plastique sont tout aussi fondamentaux que le goût ou la provenance de nos produits.
TSF
Ce côté ultra-sain, tourné vers le corps et le plus respectueux possible de la nature fait-il partie de votre quotidien ? Comment ?
Emma
J’ai grandi en étant très proche de la nature, entre les montagnes où j’ai passé tous les week-ends de mon enfance et la ferme de mon oncle dans le Pays basque, dans une famille où l’on faisait beaucoup de sport et où l’on mangeait très bien, très sain. Ma mère était une pionnière de l’alimentation bio et elle a toujours été un véritable cordon-bleu. Certaines de nos recettes chez Wild & The Moon ont été les siennes avant d’être les miennes ! Puis en arrivant à New York avec mon mari et mes enfants, j’ai aussi découvert de nouvelles tendances food, notamment les tendances green et végane. C’est intéressant car ça ouvre le champ des possibles en cuisine. Par conséquent, chez Wild & The Moon, nos recettes mélangent un peu de bon sens, de tradition, de l’aliment-médicament avec cette tendance green et végétale en intégrant les superfoods qui ne faisaient pas partie de mon répertoire d’enfance. Chez moi, la cuisine occupe une place centrale. C’est le cœur de la maison, là où l’on se retrouve en famille, entre amis. La nourriture doit absolument être en lien avec cette composante sociale et familiale, le partage, le plaisir, la convivialité. Un des plus grands challenges pour moi aujourd’hui est l’aspect écologique. Dans nos restaurants, nous nous efforçons d’être proches du zero-waste, en ne produisant que très peu de déchets et en n’utilisant aucun plastique. Mais à la maison, je trouve ça plus difficile d’échapper au suremballage, même en bio. Il y a vraiment de gros progrès à faire.
TSF
Pouvez-vous nous donner votre recette Wild & The Moon favorite ?
Emma
C’est l’açaí bowl. Chacun de mes trois enfants sait la faire et c’est notre petit déjeuner la plupart du temps. Pour chaque personne, il faut passer au blender 100 g de pulpe d’açaí (je l’achète congelée), une banane fraîche avec un peu de lait d’amande (ou un autre, végétal) et une cuillère à soupe de sirop d’érable ou de miel. Quand je me sens raplapla, je mets aussi une pincée de guarana en poudre. Je rajoute ensuite par-dessus quelques fruits de saison, une poignée de granola. Parfois des graines, de la noix de coco râpée : selon les envies du matin !
TSF
Côté décoration, rapportez-vous souvent des accessoires, des pièces de mobilier de vos déplacements ?
Emma
Oui, bien sûr, j’ai toujours aimé les objets, l’art et le design. Me sentir bien dans une maison est essentiel. Je ne fonctionne qu’au coup de cœur. Peu importe que je sois à Paris ou ailleurs, je garde toujours un œil ouvert lorsque je voyage ! Pour Comptoir 102, j’aime sourcer des objets ou des marques qui sortent des sentiers battus, chiner et faire découvrir de nouveaux designers. J’aime aussi beaucoup les designers des années 1950 !
TSF
Dubaï influence-t-elle votre style ? Appréciez-vous davantage cette ville qu’au début ?
Emma
Il est vrai que lorsque je suis arrivée à Dubaï, Paris et New York me manquaient terriblement et c’est pour ça que j’ai lancé Comptoir 102, un lieu à l’allure très occidentale et urbaine en plein Moyen-Orient. C’était pour moi une façon de me recréer un cocon loin de chez moi. Mais ça ne m’a évidemment pas empêchée de découvrir des designers fabuleux dans la région dont certains sont parmi mes préférés, notamment au Liban.
TSF
Où allez-vous chercher l’inspiration pour votre décoration ? Est-ce vous qui l’avez pensée ?
Emma
Au fil de la vie et du hasard. Parfois il m’arrive d’aller la chercher loin, en Afrique, en Inde, au Mexique ou ailleurs. Je ne réfléchis pas vraiment à la décoration de ma maison : c’est le résultat d’une multitude de coups de foudre, d’objets qui me parlent, qui s’accordent, de voyages, de rencontres, de lieux de vie et de cadeaux quelquefois. Je ne fais jamais appel à un décorateur, j’aime que mes lieux me ressemblent, m’apaisent.
TSF
Chinez-vous ? Êtes-vous une collectionneuse ?
Emma
Oui j’aime chiner, même si je n’en ai plus beaucoup le temps en ce moment, et j’aime l’art contemporain. J’ai commencé à collectionner quand je vivais à New-York où je passais beaucoup de temps dans les galeries d’art et dans les maisons de ventes aux enchères. Puis grâce à Dubaï, j’ai découvert des artistes du Moyen-Orient que j’aime beaucoup. Quand j’achète, c’est toujours le cœur qui parle !
TSF
Pouvez-vous nous confier vos adresses favorites pour faire vos courses (green !) à Paris ?
Emma
Mon QG, c’est Wild & The Moon évidemment ! J’y mange matin, midi et parfois le soir ! Sinon dans ma liste d’incontournables il y a les magasins Naturalia et Biocoop un peu partout à Paris. Chambelland, pour leurs pains extraordinaires sans gluten. Humphris, une toute petite épicerie qui vend des légumes de production locale et du pain artisanal délicieux. L’hôtel Brach, pour son potager bio sur le rooftop. Le Tigre Yoga qui propose des cours toute la journée. Merci, pour ses assiettes veggie-friendly. Le marché Raspail du dimanche matin pour la sélection de ses produits frais et bio. Les boutiques Oh My Cream pour leurs produits de beauté éthiques et naturels. Et sinon quand je suis à Dubaï, Comptoir 102 !