Familles
L'appartement de la pétillante fondatrice de la marque Élise Chalmin
Chez
Élise Chalmin et Rodrigue Brault, Léonard 3 mois
Cette année 2020 ne pouvait se terminer que sous un signe : celui de l’optimisme ! Alors nous avons fait confiance à notre intuition. Celle qui nous murmurait depuis quelques mois déjà un nom. Celui d’Élise Chalmin. Créatrice d’une mode colorée et décomplexée, la fondatrice éponyme de la marque a fini par s’imposer naturellement dans les pages de notre magazine en ligne. Pour notre plus grand bonheur ! Aussi talentueuse que drôle, la longiligne Parisienne est inarrêtable depuis 2017. Année à laquelle son patronyme prend une tout autre dimension… Remisées quelques années au profit d’autres expériences professionnelles, ses illustrations d’étudiante aux géométries joyeuses – mais endormies – se réveillent. Elles deviendront, des mois de travail acharné plus tard, les motifs de ses futurs vêtements. Des créations uniques qui prônent le « Buy Less, Buy Better », confectionnées à partir de 95% de matières naturelles et de 5% de matières recyclées, mais avant tout conçues pour se garder longtemps. Un style plus qu’une énième pièce « à la mode », fait pour réveiller ses classiques, réinventer sa garde-robe ou tout simplement s’amuser ! Chose dont la jeune femme ne se prive jamais. Que ce soit au travers de ses propres looks ou des collaborations – justement choisies – qui l’on fait connaître, année après année, à un public plus large. Celui qui a largement contribué à l’ouverture de sa première boutique en septembre dernier. Une consécration accompagnée d’un autre bouleversement : l’arrivée de Léonard, son premier enfant. Deux accouchements en l’espace de quelques jours seulement. Une nouvelle façon d’être au monde, mais aussi à soi-même. Plus engagée et positive que jamais, Élise vous ouvre les portes de son appartement. Un intérieur à son image, où s’offre à la vue une profusion d’objets. Ceux qu’elle accumule « beaucoup, peut-être même trop », mais qu’elle conserve précieusement et qui disent tellement de choses d’elle. De son formidable héritage artistique familial, de son amour pour la lumière et les teintes – essentielles, comme le soleil, à sa vie – mais aussi de son parcours jusqu’ici.
Lieu
Paris
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Constance Gennari
TSF
Élise, pouvez-vous vous présenter ?
Élise
Je m’appelle Élise Chalmin, j’ai 30 ans depuis quelques jours. Je suis la fondatrice de la marque Élise Chalmin que j’ai créée en 2017. Je suis illustratrice et je dessine des imprimés que je mets sur des vêtements en matières naturelles. Je suis aussi une jeune maman, celle de Léonard, et l’amoureuse de Rodrigue.
TSF
Comment s’est faite votre éducation au « beau » ?
Élise
Je pense que le beau est tout à fait subjectif. Il y a des choses ou des objets que j’aime mais que beaucoup trouveraient affreux ! Je suis une consommatrice raisonnée, quand j’achète, je garde longtemps. In fine, mon appartement déborde d’accessoires, de livres et de tableaux. Je prône le même raisonnement pour ma marque. Nous sommes dans un esprit « Buy less, buy better », et nous invitons nos client·e·s à appliquer cette philosophie en s’offrant nos pièces dans une idée de transmission. Comme un meuble de designer, je pense qu’un vêtement se transmet de génération en génération et c’est pour cela que nous ne créons pas des références « à la mode » mais plutôt intemporelles.
TSF
Parlez-nous de votre histoire familiale liée au design de produit.
Élise
Mes arrière-grands-parents paternels, Luc et Marjolaine Lanel, étaient designers et céramistes. Ils ont travaillé des années pour la maison Christofle et ont imaginé tout le service d’argenterie du transatlantique Le Normandie que l’on peut retrouver au Musée de la marine à Paris. Mon grand-père maternel était graphiste, peintre et illustrateur mais je n’ai pas eu la chance de le connaître. Mon grand-père paternel adoré a été pendant trente-cinq ans directeur technique à la Maison André, une entreprise de restauration d’œuvres et objets d’art. Il est ensuite devenu marchand d’antiquités avec mon oncle Jean-Luc Chalmin. Mon père a été pendant longtemps marchand d’art, puis il s’est mis lui-même à la sculpture. Je pense que l’on peut dire que j’ai été bercée dans un univers artistique assez fort !
TSF
Vous avez eu un parcours multiple qui vous a finalement amenée à créer votre marque, en 2017. Quel est-il ?
Élise
J’ai passé un baccalauréat économique et social. À la suite de quoi je suis allée en prépa d’art à L’ Atelier de Sèvres en face du Bon Marché, je n’ai pas été très assidue alors j’y ai passé deux ans. En deuxième année, j’ai passé les concours pour entrer à la London College of Communication qui fait partie de l’University of the Arts London. J’y ai passé trois merveilleuses années avant l’obtention de mon diplôme en Illustrations and Visual Media, entourée d’une famille d’amis. C’était très ouvert, ils nous ont surtout appris à faire de la recherche en amont de la création pure. Nos projets représentaient 90% de recherche et 10% de réalisation. Cela m’a permis de découvrir le travail de nombreux artistes et de pousser ma réflexion le plus loin possible. C’est là que j’ai commencé à créer des imprimés. À la suite de mes trois années londoniennes, je suis rentrée à Paris et j’ai fait un stage chez Armand Ventilo, une marque incroyable qui n’existe malheureusement plus. Puis je suis passée chez Maison Standard, mais j’avais trop besoin de liberté et de couleurs alors je me suis lancée dans l’aventure Élise Chalmin.
TSF
Quelle est la particularité des vêtements Élise Chalmin ?
Élise
Les vêtements Élise Chalmin sont en matières naturelles à plus de 95%. Ce qui est rare dans une marque de prêt-à-porter et qui rend la création compliquée car aujourd’hui, on trouve malheureusement bien plus facilement des matières synthétiques que naturelles. Nous faisons des pulls en 100% laine, des chemises en 100% soie ou coton. Ce sont aussi des pièces imprimées avec mes dessins, donc les motifs ne peuvent se retrouver chez aucune autre marque !
TSF
Et la philosophie que vous souhaitez véhiculer à travers eux ?
Élise
Je cherche à véhiculer un message ultrapositif et optimiste. Dans la boutique, nous avons affiché une phrase de Xavier Dolan « Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. » Je pense que c’est tout à fait vrai. Je suis quelqu’un de très optimiste et c’est cette volonté positive que j’essaie de transmettre. Je pense que dans la vie, c’est important d’oser et de se lancer dans des aventures, d’oser prendre des risques car si l’on n’essaie pas, on n’obtient jamais ce dont on rêve. C’est pour cela que je mets beaucoup de couleurs dans mes vêtements.
TSF
Vous travaillez beaucoup avec la couleur. En quoi est-elle importante pour vous ?
Élise
Selon moi, les couleurs sont un vecteur de bonne humeur ! C’est ce qu’elles me font ressentir. Voir des assortiments de pigments me rend heureuse. C’est pour cela que j’aime autant les tableaux de mon amie Camille Cottier, je pense. Dans mon travail aussi, j’en ai besoin. Et puis je trouve que tout est noir ou gris partout. Avoir des teintes fortes dans son dressing est important ! Elles sont pour moi comme le soleil : essentielles à ma vie.
TSF
Les motifs sont indissociables de votre style. Comment les imaginez-vous ?
Élise
Je n’ai pas vraiment de réponse clé à cette question. Je les crée au gré de mes envies et de mes humeurs. Je passe beaucoup d’heures sur Pinterest à regarder des mélanges de couleurs que j’aime. Et puis je regarde aussi des livres d’art, par exemple notre sweat-shirt Sonia est totalement inspiré d’un tableau de Sonia Delaunay.
TSF
Dans quelle période de l’Histoire auriez-vous pu vivre ?
Élise
J’aurai pu vivre en 1925 pour voir naître le style art déco, mais aussi dans les années 1980 pour découvrir tous les groupes de musique incroyables new-yorkais, vivre au CBGB avec Warhol, Basquiat et The Velvet Underground.
TSF
Que dit votre intérieur sur vous ?
Élise
Il dit que je suis assez bordélique et que j’aime beaucoup les objets (rires) ! Je garde les choses longtemps alors j’en ai beaucoup, voire trop. Mon intérieur dit aussi que j’aime les couleurs et la photographie. J’ai beaucoup déménagé, alors j’emporte mes meubles avec moi un petit peu partout, ils ont vécu dans des lieux différents et portent sur eux les marques du temps.
TSF
Comment l’avez-vous meublé ?
Élise
J’ai reçu de nombreux meubles de ma grand-mère maternelle, notamment ces deux banquettes Pierre Chapo que j’adore qui étaient dans son salon. J’ai d’ailleurs conservé le tissu « écureuil » qui était chez elle. Je l’aime beaucoup et je suis heureuse qu’elle me les ait transmis. Ma lampe Pipistrello est également un cadeau d’anniversaire qu’elle m’a fait quelques jours avant de partir. Ce n’était pas un design que j’affectionnais particulièrement en amont, mais maintenant elle a une signification toute particulière pour moi. Je me dis que cette petite lumière, c’est ma grand-mère qui veille sur nous. Pour le reste, je n’ai pas beaucoup de meubles de seconde main hormis notre table basse que j’adore, qui est une vintage Roche Bobois des années 1970 dont je ne connais pas le designer. Je l’ai cherchée pendant des mois entiers et nous l’avons finalement trouvée sur Selency. J’aime aussi l’artisanat. J’adore les lampes tissées de Julie Lansom, nous nous en sommes d’ailleurs offert une il y a quelques semaines. Chez nous, il y a donc un joli mélange de neuf, d’artisanal et de vintage. Un petit peu comme dans mon dressing !
TSF
De quoi aimez-vous être entourée ?
Élise
De lumière avant tout ! Avant de vivre ici, j’ai habité un an près de la rue Lepic. J’adorais le quartier mais je vivais au premier étage sur cour. Je ne voyais pas le ciel et je rêvais de quitter cet appartement au plus vite. De la lumière donc, du soleil qui entre dans l’appartement et de la musique un samedi matin, c’est ce que je préfère ! De la couleur aussi bien entendu. Toujours. C’est très important pour être de bonne humeur. Et des lumières douces (encore) pour la fin de journée.
TSF
Pour vous, The Socialite Family, c’est ?
Élise
Une inspiration ! J’adore regarder les portraits du site et j’aime beaucoup la marque The Socialite Family. Je pense que nous avons les mêmes goûts pour les couleurs bordeaux, ocre, marine et vert sapin. Et puis, c’est aussi une fondatrice inspirante qui ose s’embarquer dans une super-aventure.
TSF
Comment se passeront vos fêtes de fin d’année ?
Élise
Nous allons en passer une partie chez ma mère dans le Jura et ensuite nous partons dans les Alpes à Méribel pour fêter Noël avec la famille de mon amoureux et les cousines de Léonard ! Ça va être trop sympa.
TSF
Où vous retrouverons-nous en 2021 ?
Élise
J’espère que nous nous retrouverons dans un monde sans masques et avec des boîtes de nuit, de la musique, des bars ouverts jusqu’à pas d’heure et des gens qui s’embrassent ! En 2021, nous nous retrouverons aussi autour de nombreuses super-collaborations, un petit peu plus de lifestyle sur notre site et en boutique, et à travers de nombreux nouveaux projets dont on ne peut pas encore parler pour le moment. J’ai hâte d’entamer cette nouvelle année. Je l’attends radieuse et pleine de surprises !