Dans le quartier de Kreuzberg-Berlin, l’appartement à contre-courant des tendances design des fondateurs de la boutique Another June Vintage

Nous avons tous les deux toujours été très intéressés par le design dans son ensemble. Rainer a fait des études de mode à Berlin et a travaillé comme styliste pendant des années. Quant à moi, Ari, j’ai travaillé comme maquilleuse et éditrice de diverses publications dans l’univers de la mode. Ce, jusqu’à ce que nous nous rencontrions dans une file d’attente lors d’un événement de la Paris Fashion Week, en 2012. Nous avons alors commencé à nous fréquenter et, à la fin de la même année, nous emménagions ensemble dans cet immense et splendide appartement. J’ai quitté ma chambre dans une colocation, Rainer a quitté son petit une-pièce et nous avons décidé de n’emporter que les meubles les plus indispensables. Cent vingt mètres carrés, un lit, un canapé danois en teck, un buffet en teck, une table improvisée à partir de deux tréteaux et d’une vieille porte et mes deux platines Technics MKII. Depuis lors, notre appartement se remplit ; nous y avons testé tellement d’idées et de concepts variés, et fait tellement de changements que nous avons presque du mal à nous y retrouver. Mais il y a une constante : nous avons toujours aimé et recherché des éléments de décoration vintage uniques à ajouter à notre collection.

Je suis née en Allemagne de l’Est et j’ai grandi dans une petite ville appelée Erfurt : ma carrière dans la mode n’était qu’un rêve lointain. Ma mère était enseignante et mon père ingénieur, ils n’étaient pas très portés sur la mode et le design. Mais nous avons beaucoup voyagé en Europe, et je crois que j’avais déjà conscience, très jeune, que je voulais vivre dans une belle maison, entourée d’objets remarquables trouvés partout dans le monde. De préférence, une maison située en bord de mer. Après mes études, j’ai voyagé seule, notamment à Hong Kong, que j’ai vraiment adorée, puis je me suis installée à Copenhague, où je pense avoir posé les bases de ma carrière. J’ai connu des périodes difficiles, mais j’ai pu trouver ainsi de nombreuses sources d’inspiration. Ce que j’aime chez les Danois, c’est qu’ils semblent apprécier le design dès leur enfance, puisque partout où l’on se rend, on peut voir des exemples de design ; on vit constamment avec. Après quelques années, je suis partie pour Berlin et, par bonheur, j’y suis restée. Nous avons eu la chance de faire des voyages mémorables outre-Atlantique et en Europe, ces dernières années, avec nos enfants, et nous avons adoré ces expériences. Cela a clairement modelé la façon dont nous avons envisagé notre vie de famille, plus tard. Notre aventure n’est pas terminée et nous ignorons si nous allons rester définitivement à Berlin, mais, pour l’instant, nous nous y sentons bien. J’ai laissé une partie de mon âme en Californie, et je repense fréquemment à toutes les maisons de bord de mer et du milieu de siècle que nous avons pu y voir pendant notre voyage. Ce serait clairement notre rêve de meubler nous-mêmes l’une de ces maisons. Pour décorer notre propre intérieur, nous nous efforçons de rapporter des souvenirs et des pièces uniques de chacun de nos voyages et de les disposer de manière esthétique.

J’ai grandi dans un appartement de Berlin très agréable, au style art nouveau. L’intérieur était un mélange très éclectique d’antiquités achetées par mes parents lors d’une année passée en Indonésie, de pièces vintage (à l’époque, on disait de seconde main) et de multiples objets rapportés par mon père de ses voyages professionnels en Afrique et en Amérique du Nord et du Sud. Tout cela a laissé des traces, et m’a fait apprécier l’artisanat traditionnel. Mais m’a donné aussi une envie de minimalisme, de formes plus épurées et de décoration peu chargée. Malheureusement, je ne suis pas très doué en matière d’ordre et de rangement. C’est l’un des points forts d’Ari, et c’est l’une des nombreuses qualités que j’admire vraiment chez elle. Ce que je trouve fascinant et inspirant, c’est la tension qui existe entre tradition et modernité, entre artisanat et technologie, entre ordre et chaos. Et cela vaut autant pour la décoration de notre foyer que pour tout ce que nous proposons dans notre boutique vintage Another June.

En matière de design, nous sommes très ouverts, et nous adorons découvrir des choses nouvelles, qui parlent soit à l’un d’entre nous, soit, de préférence, à nous deux. Nous avons tendance à nous entourer d’objets au design datant de la deuxième moitié du XXe siècle plutôt que d’antiquités, mais nous ne serions pas forcément étonnés de trouver une création vieille d’un siècle qui se marierait parfaitement à notre intérieur actuel. La pièce à laquelle nous tenons le plus est en réalité le seul meuble que nous n’utilisons pas vraiment. C’est une chaise originale JH512 Johannes Hansen / Hans Wegner dans un état d’origine formidable, qui est accrochée près de notre piano. Une famille s’en servait comme chaise de terrasse/d’extérieur, dans un penthouse incroyable au mobilier exquis, c’était presque trop beau pour être vrai. Malheureusement, cet appartement n’existe plus aujourd’hui. Mais nous avons conservé une partie de son âme dans cette chaise et à chaque fois que nous la mettons en place, cette âme brille de mille feux. Presque tous les objets que nous possédons ont une histoire, mais ces histoires seraient probablement trop longues pour cette interview…

Cela fait quelques années que je garde un œil sur The Socialite Family, et j’ai toujours apprécié l’univers de la marque. J’aime ses lampes multicolores, et son étagère de coin Mara polyvalente que l’on peut placer dans un recoin ou près d’un canapé. J’adorerais l’avoir dans notre appartement. On peut l’adapter à de nombreux styles, c’est un bon meuble de base dans une pièce.