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Anahita Vessier, décrypter l’art du temps

Anahita Vessier a fait d’internet son journal, égrenant ses rencontres au fil des mois sur une revue en ligne qui n’aurait pu mieux porter son nom : Anahita’s Eye. Curieuse, toujours enjouée, l’austro-iranienne d’origine kurde (ça ne s’invente pas) a transformé ses pérégrinations en terreau de culture. Un passé dans la mode puis dans la publicité achève de façonner sa personnalité, biberonnée aux voyages et aux grandes capitales. Attirée depuis toujours par les artistes et leurs univers, Anahita Vessier prend le temps de présenter chaque mois sur son site un portrait. Photographe, plasticien, musicien ou designer : l’admiration qu’elle voue à leur travail se mue en une interview couplée à des photographies. Des reportages complets et surtout concrets qui se laissent déguster avec la douce sensation d’en sortir plus instruit. Ces passerelles sont aussi pédagogiques qu’humaines, Anahita ayant la volonté de faire connaître les créateurs émergents qui ont su lui transmettre leur passion. En un an à peine, Anahita’s Eye a d’ailleurs réussi à se transformer en un vivier de talents. La vision artistique et culturelle de sa créatrice l’ayant consacrée prescriptrice. Ce nouveau statut, la désormais Parisienne veut en tirer le maximum. Pour le pays qui l’a vue naître notamment. L’Iran, Anahita en est folle ! Dans l’appartement où elle nous accueille ce matin, elle ne tarira pas d’éloges sur la Teer Art Week_,_ semaine de l’art organisée à Téhéran par Hormoz Hematian et Maryam Majd dont elle revient à peine. Rencontre éclairée.

Lieu

Paris

texte

Caroline Balvay

Photographies et Vidéos

Constance Gennari

TSF

Anahita, pouvez-vous vous présenter ?

Anahita

Je suis austro-iranienne d’origine kurde. Je suis née à Téhéran, j’ai grandi en Autriche, j’ai vécu à Londres et maintenant à Paris. J’ai toujours baigné dans cette double-culture qui est très importante pour moi et dont je suis très fière. Mon prénom puise ses sources dans la mythologie perse où Anahita était la déesse de la fertilité et de la beauté. J’ai travaillé au départ dans la mode puis dans la publicité. Je suis passionnée par l’art en général et les artistes en particulier. J’ai lancé le magazine Anahita’s Eye il y a plus d’un an.

TSF

Quels sont le concept et l’idée de votre magazine en ligne : Anahita’s Eye ?

Anahita

L’idée du magazine Anahita’s Eye est de partager mes découvertes et mon regard sur des domaines aussi divers que le design, le dessin, la peinture, la musique, la mode ou encore la photographie. Ceci à travers des portraits d’artistes que j’admire et dont j’ai envie de montrer le travail, le talent et la créativité. Chaque mois, je publie l’interview d’une personnalité ainsi qu’un reportage photographique centré sur ses créations et son univers. Tout est disponible en français, en anglais et en allemand pour toucher le plus de lecteurs possible.

TSF

Que souhaitez-vous transmettre et développer à termes autour de ces sujets, de ces rencontres ?

Anahita

J’ai vraiment envie de créer de nouvelles passerelles entre des artistes émergents de toute origine et des marques afin de développer des collaborations artistiques ou événementielles, mais aussi d’apporter un conseil personnalisé dans le domaine de la direction artistique. Plusieurs artistes ont déjà été contactés suite à leur publication dans Anahita’s Eye, ce qui a donné lieu à des commandes et des demandes de collaboration. Je souhaite que ce magazine devienne une référence en matière de vision artistique et culturelle. Que cela soit un véritable espace d’échanges entre artistes.

TSF

Comment choisissez-vous vos intervenants ?

Anahita

Je fonctionne beaucoup par coups de cœur en choisissant des créateurs dont le travail me touche et que j’ai envie de rencontrer ensuite. Parfois, ce sont des découvertes qui se font par hasard lors de voyages ou de sorties nocturnes. Comme le magazine a maintenant plus de visibilité, je suis aussi contactée directement. J’ai d’ailleurs été invitée début janvier par le galeriste et curateur Hormoz Hematian à la Teer Art Week à Téhéran – qu’il organise avec Maryam Majd. C’est une semaine dédiée à l’art iranien contemporain qui se déroule partout dans la ville (galeries situées dans des lieux incroyables, ateliers d’artistes, etc.). Toutes ces rencontres feront l’objet d’un article pour la revue très prochainement. J’adore discuter avec les gens en général. Les écouter parler de leurs idées, de leurs histoires de vie, de leurs sentiments, découvrir qui ils sont vraiment…

TSF

Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ?

Anahita

Un regard. Un parfum. Un endroit. Une image. Une musique. Un livre. Un mot.

TSF

Quelle est lhistoire de votre mobilier ?

Anahita

Chaque meuble, tapis ou tableau chez moi est lié à une histoire personnelle. Les tapis par exemple représentent différentes phases de ma vie. Un est le cadeau de mon grand-père pour ma naissance, d’autres viennent de notre maison à Téhéran avant la révolution ou encore de mes années d’études à Vienne. Ils m’ont accompagnée partout dans mes déménagements et j’ai envers eux un véritable attachement sentimental. Tous les meubles sont vintage et chinés pendant des voyages ou chez des brocanteurs. Les deux fauteuils Maralunga gris sont des originaux de l’époque, créés par Vico Magistretti pour Cassina. Je les ai vus une première fois à Bruxelles en me baladant dans le quartier du marché aux puces. Leur design m’a interpellée et j’ai réussi à les acheter ensuite. J’ai trouvé la table basse de Willy Rizzo sur leboncoin. J’aime son design, cette élégance très seventies avec son bar caché à l’intérieur. J’ai également un faible pour le dessin d’une femme nue qui se trouve dans la chambre. C’est un cadeau de mon ami peintre israélien Gideon Rubin qui est une étoile montante dans la scène de l’art, représenté à Paris par la galerie Karsten Greve. Son travail me touche énormément. Sinon, l’année dernière, j’ai acheté à la galerie Dastan de Téhéran un dessin d’un autre talent incroyable, l’Iranien Amin Montazeri. J’ai eu un coup de cœur pour le travail bien mystérieux du photographe iranien Morteza Niknahad, qui vit dans le sud de l’Iran. Enfin, le bois de cerf sur le mur de l’entrée vient d’Autriche et me rappelle mon enfance où j’ai vécu pendant une période dans une maison où il y en avait partout sur les murs. C’était très rustique !

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Comment vivez-vous vos passions en famille ?

Anahita

Mon mari est un passionné de musique et un collectionneur de disques. Nous avons un vieux jukebox Seeburg et 4000 vinyles qui occupent tout un mur. Nous essayons de tous les écouter le week-end ! Il a réussi à transmettre cette passion à nos enfants. Moi, je suis une passionnée de livres, d’art et de vêtements vintage que je chine partout ! Les voyages représentent vraiment beaucoup pour moi, ils sont même essentiels, car ils nous permettent de découvrir d’autres cultures, d’autres univers.

TSF

Pouvez-vous nous donner vos adresses fétiches dans votre quartier ?

Anahita

Le Musée de la Vie romantique, un endroit insolite et hors du temps. J’aime son salon de thé avec son jardin et ses délicieux gâteaux faits maison. Le Paprika, le restaurant austro-hongrois avenue Trudaine, quand j’ai envie d’un bon Wiener Schnitzel et de Palatschinken parfaitement cuisinés comme en Autriche. Le cinéma Le Louxor, pour son style néo-égyptien et sa programmation de films.

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Et pour un meuble, ou une robe ?

Anahita

J’adore passer au showroom de mon ami Olivier Châtenet dans le XIᵉ arrondissement et me perdre dans sa sublime (et vaste !) collection de vêtements et d’accessoires d’Yves Saint Laurent. Il les met à disposition des professionnels du cinéma et de la mode. J’aime aussi beaucoup aller chez Vanessa Seward. Je suis une grande fan de sa sensibilité et de son style chic ultra-féminin. Elle sait vraiment ce que les femmes veulent. En ce qui concerne les meubles, je ne manque jamais la brocante de l’avenue Trudaine qui a lieu deux fois par an.

Mon mari est un collectionneur de disques. Nous avons un vieux jukebox Seeburg et 4000 vinyles qui occupent tout un mur !

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