Chez
Emmanuel de Bayser, Paris de collectionneur
Berlin-Paris. Paris-Berlin. Ce balancier géographique, Emmanuel de Bayser y est habitué. Trois jours par-ci, trois jours par-là. À sa manière, le fondateur du concept-store berlinois The Corner a à cœur de se sentir bien dans les deux capitales européennes. Tisser son univers dans ce nouvel appartement parisien, situé à deux pas du parc Monceau, lui a donc pris plus d’un an. Déplacer, essayer, ajuster les associations. Pour trouver la combinaison “ordre et confort” idéale, propice au calme. Déjà, les propriétés de ce Haussmannien pur jus avaient opéré sur lui un effet immédiat. Une importante hauteur sous plafond, pas de couloir et une répartition des pièces autour de l’entrée. Des perspectives réjouissantes que le collectionneur a depuis sublimées par un duo de teintes claires, accentuant au passage la luminosité des lieux. La couleur, elle, est amenée par de sublimes éléments de décoration. Du mobilier, des œuvres d’art contemporain ou des accessoires à la forme intemporelle et au monochrome quasi systématique. Un réflexe pour celui qui ne connaît que trop bien la mode et ses travers. Dans cet écrin spectaculaire que les années ne semblent pas pouvoir perturber tant il est de bon goût, Emmanuel de Bayser s’est entouré de présences singulières. Des sculptures aux bustes ou aux visages dont l’expression nous suggère un mouvement perpétuel. À son image.
Retrouvez l’univers singulier d'Emmanuel de Bayser dans notre livre auto-édité The Socialite Family, Retrospective. Un florilège des plus beaux intérieurs aperçus au fil de l’histoire de notre média à se procurer en boutique comme sur notre e-shop.
Lieu
Paris
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Constance Gennari
TSF
Après Berlin nous voici dans votre appartement parisien. Ces deux villes vous ont-elles inspiré dans la décoration respective de ces deux intérieurs ?
Emmanuel
Je pense surtout qu’avant la ville, c’est plutôt l’espace qui m’inspire. Berlin était très neutre comme espace donc je me suis senti assez libre d’aménager selon mes envies de l’époque, il y a 5 ans déjà. À Paris, l’appartement est un pur hausmannien. Le style est donc déjà très typé parisien. Ce qui m’a plu tout de suite c’est son côté très ouvert, presque loft ce qui est rare. Il n’y a pas de couloir, pas le moindre mètre de perdu. Une pièce mène à l’autre avec de belles perspectives. Donc oui, j’ai été très inspiré par Paris pour cet appartement. Moins par Berlin pour l’autre, où je voulais au contraire un espace serein en contraste avec une ville que je trouve assez traumatisée.
TSF
Y a-t-il un fil conducteur entre ces lieux ?
Emmanuel
On me dit que l’on se sent très en paix quand on entre dans les deux appartements ! Il est vraisemblable qu’inconsciemment, ce soit ce que je recherche. Des contrastes, certes, mais pas d’agressivité.
TSF
Cet amour pour le design et l’art, est-ce lié à votre histoire familiale ? Ou êtes-vous un autodidacte ?
Emmanuel
Les deux. J’ai depuis toujours baigné dans un univers esthétique artistique. Mon grand-père paternel a créé la Galerie de Bayser, spécialisée dans les dessins anciens. Mon arrière-grand-père maternel, le peintre symboliste George Desvallières, a fortement marqué l’histoire familiale. Des deux côtés, il y a donc un fort marqueur artistique. Le goût pour le design historique et l’art contemporain est plus personnel. Il résulte d’une culture plus classique traditionnelle.
Je n’ai pas encore eu la chance d’avoir la visite de mes neveux et nièces en bas âges. Pas sur que je sois très serein avec les céramiques qui traînent partout. Je les laisserai plutôt jouer avec les moutons !
TSF
Comment réagissent les membres de votre famille à cet univers tiré au cordeau ? Comment l’appréhendent-ils, vivent-ils avec ?
Emmanuel
Pas sûr qu’ils comprennent le choix des pièces et les associations mais ils s’y sentent bien quand ils viennent ! J’aime la combinaison ordre et confort. Ça me détend et me rassure. Je n’ai pas encore eu la chance d’avoir la visite de mes neveux et nièces en bas âge. Pas sûr que je sois très serein avec les céramiques qui traînent partout. Je les laisserai plutôt jouer avec les moutons !
TSF
L’appartement est jalonné d’œuvres d’art. Comment les choisissez-vous ?
Emmanuel
Je fais beaucoup d’essais ! Heureusement les galeries sont compréhensives. Mais ce qui me plaît – dans le désordre – c’est en particulier la forme, les couleurs, la fraîcheur, l’intemporalité, le dialogue avec les objets et le mobilier.
TSF
Quels sont les artistes, les designers (…) qui vous touchent actuellement ?
Emmanuel
Camille Henrot, Imi Knoebel, Jannis Kounellis, Louise Bourgeois, Günther Förg, Jean Arp, Anish Kapoor, Alexandre Noll, Georges Jouve, Jean-Michel Frank et enfin certaines pièces de mobilier en pierre créées par Francesco Balzano, un designer talentueux !
TSF
De quelle manière pouvez-vous encore aller plus loin ?
Emmanuel
Le prochain projet est à la montagne, sous les toits. Donc un autre univers ! Nous avons déjà libéré les volumes et je m’attaque à l’agencement des espaces avec les perspectives, le choix des pièces. C’est à chaque fois un nouveau commencement et des questionnements permanents. Rien n’est jamais acquis !
TSF
Pourquoi ne pas ouvrir de galerie en définitive si l’univers de la décoration vous est si cher ?
Emmanuel
Je suis encore très occupé par The Corner à Berlin ! Je n’ai donc pour l’instant pas le temps, mais j’y songe parfois.
TSF
Quelle est la prochaine étape pour vous ?
Emmanuel
Je crois beaucoup aux rencontres et au timing associé que nous ne maîtrisons pas. Alors je laisse se faire les choses tout en travaillant beaucoup derrière pour qu’elles se réalisent.
TSF
Vos adresses favorites lors de vos séjours parisiens ?
Emmanuel
Les Marches, forcément les galeries et les maisons de vente mais aussi les rues de Paris le samedi et le dimanche, tôt le matin. Et surtout, chez moi !