Inspiration

L’hôtel Monte Cristo, hommage à Alexandre Dumas

Après une première rencontre pour le C.O.Q Hôtel, Michel Delloye retrouve Pauline d’Hoop et Delphine Sauvaget pour un nouveau projet et non des moindres, l’hôtel Monte Cristo, un quatre-étoiles situé à deux pas du Jardin des Plantes. À l’honneur, Alexandre Dumas, personnage insaisissable et infatigable voyageur des sens. Delphine Sauvaget et Pauline d’Hoop ne s’y trompent pas, l’hôtel Monte Cristo sera un hommage au XIXᵉ siècle et aux univers poétiques de Dumas. À l’image de ses romans, ils sont multiples, exotiques, colorés et fourmillent de détails autant que de caractères hauts en couleur. Pour n’en citer que quelques-uns, une multitude d’anciens vases et d’objets chinés, une volière un peu spéciale, les chambres des femmes et ses toiles tendues à motifs, un bar à rhum des plus fournis et enfin une piscine – de 16 mètres, s’il vous plaît. Somme toute, un goût d’ailleurs à Paris qui se découvre pas à pas.

Hôtel Monte Cristo, 20-22 rue Pascal – 75005 Paris. Réservation par téléphone au 01.40.09.09.09 ou par e-mail à reservation@hotelmontecristoparis.com

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Eve Campestrini

Photographies et Vidéos

Eve Campestrini

TSF

Michel, qu’est-ce qui vous plaît dans l’hôtellerie ?

Michel

C’est d’abord un geste tourné vers l’extérieur. Quel plus bel objectif que celui d’accueillir et d’offrir un moment unique ? L’hospitalité est un secteur très complet et passionnant. Il implique différents verbes d’action : Il faut développer, compter, organiser, partager (la création), contrôler. Peu de domaines offrent d’aussi belles rencontres et une aussi grande variété d’actions en vue de créer des lieux uniques.

TSF

Quelle histoire avez-vous voulu raconter ici ?

Michel

Nous voulions reprendre une liberté esthétique et travailler sur l’histoire française. Le XIXᵉ fut le siècle de la France, celui de son rayonnement artistique, social et économique à travers le monde. Alexandre Dumas reste l’écrivain français le plus lu au monde et il est enterré à 5 minutes de l’hôtel, au Panthéon. Le lieu est donc un hommage actuel à une époque, à un homme et à une œuvre, sans tenter de la singer. Les maisons de l’époque sont à l’image : on mélange, associe, grossit toutes les influences et pays pour mieux voyager. Dumas et ses livres, ses idées, ses voyages représentent une belle matière pour un voyage poétique.

TSF

Quels ont été vos choix et inspirations pour ce chantier ?

Delphine

Le client souhaitait réaliser un hôtel sur le XIXᵉ et plus particulièrement sur Alexandre Dumas, qui est un personnage aux mille facettes, ce qui se ressent dans l’atmosphère même de l’hôtel. Notre envie immédiate était d’évoquer le voyage, celui de Dumas, de ses personnages et celui que nous avions envie de faire vivre au client de l’hôtel. Le XIXᵉ est une période riche, de par les différents régimes qui se sont succédé, mais aussi par la multiplicité de styles et d’ambiances colorées qui en ont découlé. Le but était de mettre en avant ce métissage.

Pauline

Nous avons commencé par nous imprégner de l’univers de Dumas et du XIXᵉ ! J’ai beaucoup aimé redécouvrir cet écrivain, le fourmillement propre à ses œuvres, la richesse de ses personnages, la complexité de leurs caractères, etc. Nous avions à cœur de dépoussiérer une vision vieillotte et ampoulée du XIXᵉ, de transmettre le goût de l’époque pour l’exotisme, le voyage, les collections.

TSF

Racontez-nous les différentes atmosphères imaginées dans les chambres ?

Delphine

Les atmosphères des chambres évoquent la personnalité de Dumas et des personnages qui gravitaient autour de lui. Les chambres des femmes ont été pensées comme des écrins. Les murs sont intégralement recouverts de tissus à motifs en toile tendue, que l’on retrouve en rideaux. Les chambres d’Alexandre sont plus masculines dans des tonalités profondes. Celles des invités sont une invitation au voyage. Les couleurs rouges et les motifs des tissus renvoient à l’influence japonisante du XIXᵉ siècle.

TSF

Vous avez beaucoup chiné pour ce projet, racontez-nous vos trouvailles ?

Pauline

Ce qui m’a le plus marquée, ce sont les rencontres que nous avons pu faire avec des passionnés qui nous ont aidées à monter cette impressionnante collection (il y a plus de 50 vases anciens chinés pour les chambres, par exemple) : des spécialistes du XIXᵉ aux puces, des collectionneurs de vitrines anciennes en Belgique, Claude, spécialiste en taxidermie, qui nous a ouvert les portes de sa maison et de sa collection personnelle pour que nous y choisissions les spécimens qui habitent désormais la volière de l’entrée de l’hôtel.

Delphine

La chine est toujours un élément très important pour moi, pour nous. J’aime que l’on ressente l’âme secrète des objets et l’empreinte du temps. Je suis sensible aux mélanges de styles, parfois abrupts et décalés. La difficulté de ce projet résidait dans le fait de réaliser un hôtel XIXᵉ sans tomber dans le faux décor. Nous avons voulu réinventer un passé fantasmé. Nous ne voulions pas être premier degré. Notre souhait était de raconter une histoire, de faire passer une émotion à travers la profusion de genres, qui est propre à cette époque. Dans l’espace bar à rhum, nous avons accentué ce mélange avec des carreaux de Delft aux murs. Sur ces derniers, des panneautages bleu encre mettent en valeur une collection d’assiettes Imari chinées et deux grands portraits asiatiques de l’époque président au fond de la pièce. On y trouve aussi un paravent XIXᵉ chinois qui provient d’un château aux Pays-Bas et des banquettes en velours rouge à franges. Des tapis persans anciens contrastent avec un sol en panneaux d’Aremberg. Nous avions le souhait également de collectionner des potiches anciennes asiatiques que nous avons trouvées dans des brocantes en France, et certaines à Drouot.

TSF

Une anecdote sur ce chantier ?

Pauline

Il y en aurait mille, mais rien ne vaut les levers au petit matin, quand tout Paris dort encore, pour prendre le volant d’un gros camion et arriver parmi les premiers sur les déballages d’antiquaires pour y dénicher la belle pièce !

Delphine

Nous avons poussé l’idée du voyage jusqu’à réaliser certaines pièces du mobilier en Inde, en collaboration avec Amandine et Guillaume de La French Studio. Nous avions l’exigence de créer un mobilier d’hôtel avec la qualité et la finesse de pièces uniques. Les marbres et l’onyx des guéridons ont été sélectionnés méticuleusement et s’apparentent à de véritables peintures. Les appliques des feuilles en verre ont été coulées et sculptées une à une. Nous avons dessiné des têtes de lit, également réalisées de façon traditionnelle et artisanale, avec un motif en rotin. Il est toujours très important dans nos projets de mettre en valeur le savoir-faire de l’artisanat pour créer des pièces particulières.

TSF

Si vous deviez décrire l’hôtel Monte Cristo en quelques mots ?

Delphine

Le client souhaitait un OVNI. Je crois que le pari est réussi.

Pauline

Une maison d’une époque qui n’a jamais existé, un décor digne de ceux qu’inventait Dumas.

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